Vidéo. Raimund Hoghe continue son dialogue avec la Callas
Écrivain puis dramaturge de Pina Bausch, Raimund Hoghe crée depuis plus de vingt-cinq ans une œuvre chorégraphique exigeante, alternant solos et pièces de groupe – L’Après-midi, Sacre – The Rite of Spring, Swan Lake, Boléro Variations… – qui revisitent des monuments de l’histoire de la danse. Chacun de ses spectacles repose sur un fil ténu, un tissu de gestes, de formes et de mélodies, auquel il donne toute l’épaisseur de la mémoire.
Laissant la musique infuser dans les corps, ses rituels agissent et se diffusent dans un espace propice aux associations. La première pièce de Raimund Hoghe programmée en France fut Verdi Prati en 1993 au Festival d’Avignon. Créé en 2007, 36, Avenue Georges Mandel est de nouveau proposé au public avignonnais.
Raimund Hoghe a répondu aux questions de Laurent Goumarre lors du point presse. Profession Spectacle vous en livre les meilleurs extraits.
Présentation de la pièce
C’est un simple numéro, le concentré d’un espace et d’un temps. C’est une simple adresse, celle de Maria Callas à la fin de sa vie, qui dessine en creux les coordonnées tragiques d’une icône, sa solitude et son abandon de ses dernières années. Créé en 2007, 36, Avenue Georges Mandel est aussi une adresse à Maria Callas ; une manière de convoquer sa présence et de rappeler l’exigence de son art, le chant lyrique, et la force dramatique des figures qu’elle a incarnées – Carmen, Norma ou Tosca. À cette voix qui emplit le plateau, Raimund Hoghe répond par le peu. En cherchant non à ajouter mais à soustraire, il crée une zone fragile où laisser résonner la musique. L’espace éphémère qu’il construit à partir de ses matériaux familiers fonctionne ici comme un trait d’union : entre elle et nous, passé et présent. Entre 2007 et 2018. Disposant des gestes, des vêtements, Raimund Hoghe se laisse guider par cette voix, s’en revêt, se glisse dans le fantôme de cette présence, ouvrant une brèche entre l’ici des corps et l’ailleurs d’un timbre.