Vidéo. Oskaras Koršunovas sert un Tartuffe à la sauce lituanienne
Né en 1969 en Lituanie, Oskaras Koršunovas est metteur en scène de théâtre et d’opéra. Il a produit plus de 60 spectacles, adaptant des auteurs russes comme Boulgakov ou Daniil Harms, les contemporains Sarah Kane ou Marius von Mayenburg, ainsi que des classiques. Il fonde le théâtre indépendant Oskaro Koršunovo Teatras (OKT) en 1999. Son théâtre nerveux, physique est pour lui un miroir de la vie, un instrument de connaissance de soi, de notre société. Tartuffe est sa cinquième pièce présentée au Festival d’Avignon.
Pièce la plus jouée de Molière, Tartuffe a pourtant bien mal commencé. La première fut donnée devant Louis XIV à Versailles en 1664. Elle fit scandale car elle dénonçait l’hypocrisie et la fausse dévotion. Elle n’échappa à la censure qu’à la troisième version en 1669 et fut un réel succès.
Oskaras Koršunovas a répondu aux questions de Laurent Goumarre lors du point presse. Profession Spectacle vous en livre les meilleurs extraits.
Présentation de la pièce
Au plateau, un labyrinthe végétal figurant un intérieur moderne et bourgeois pris en pleine tempête électrique. Sur scène, une immense troupe venue de Lituanie s’enivre de tirades ferventes, de chorégraphies déchaînées, de répliques mutines et autres déclarations indécentes.
Le ton est donné, le public l’a compris : Tartuffe est explosif. Et si les acteurs, qui cabotinent et se jouent les uns des autres, se jouaient aussi de nous ? Et si le personnage de l’hypocrite connu pour son masque, Oskaras Koršunovas en faisait ici un bonimenteur des temps modernes, un roi de la communication ? Sommes-nous au théâtre, dans un jeu vidéo ou une émission de téléréalité ? Un peu tout à la fois, et plus encore !
Notre réalité est malmenée, détournée par les jeux de caméra sur scène et en coulisses. Comédie de moeurs, satire politique, farce sociale, le théâtre de Molière s’emploie à faire tomber les masques religieux. Celui de Koršunovas s’attaque à notre société gangrénée par les faux dévots modernes qui n’ont d’yeux que pour le « dieu argent » et usent de propagande, manipulation ou corruption pour atteindre leur but.