Une question au réalisateur grec Nikos Labôt sur la crise en Grèce et la place des femmes

Une question au réalisateur grec Nikos Labôt sur la crise en Grèce et la place des femmes
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Le réalisateur grec Nikos Labôt évoque, lors d’une interview avec Cineuropa, différentes facettes de son nouveau film, Her Job, qui a été dévoilé en avant-première mondiale dans la section Discovery du 43e festival international du film de Toronto (TIFF).

Une question à…

Synopsis – Panagiota (Marisha Triantafyllidou), une femme de 37 ans, vit avec son mari, Kostas (Dimitris Imellos) et leurs deux enfants dans un petit quartier bourgeois d’Athènes. Kostas a perdu son emploi à cause de la crise financière. La pression que cet évènement a créée s’étend à la relation du couple et influence aussi le comportement des enfants. Panagiota doit faire face aux problèmes qui affligent son foyer autrefois aisé. Sa seule tâche jusqu’alors était de s’occuper de sa famille, elle doit maintenant trouver un travail pour la première fois de sa vie. L’héroïne se fera exploiter sans pitié et sera contrainte de développer une nouvelle identité.

Est-ce que vous pensez que la crise financière a irrémédiablement bouleversé les relations au sein des familles et des entreprises, et servi de prétexte pour intensifier l’exploitation des femmes ?

Nikos Labôt – Tout à fait : la crise a changé les relations professionnelles et les conditions de travail, c’était inévitable. Les salaires et le droit du travail ont régressé. Beaucoup de gens travaillent à mi-temps ou sans protection sociale. Le taux de chômage en Grèce atteint les 20 % et parmi les jeunes, il atteint 50 % ! Cela a aussi affecté les foyers. On peut sentir la tension qui s’accumule autour de nous de plusieurs manières : à l’école, où les élèves sont plus agressifs, et au travail, où l’anxiété des employés et l’insécurité sont palpables. La dépression et le manque d’estime de soi règnent en maître au sein des familles grecques.

Les femmes en Grèce sont payées 15 % de moins, en moyenne, que les hommes pour un poste égal ou supérieur. L’égalité n’existe que sur le papier. Cependant, la crise a aussi eu des conséquences favorables pour les femmes : comme jamais auparavant, ce sont elles qui font rentrer de l’argent dans les familles, et elles contribuent à part égale au revenu moyen du foyer. Par ailleurs, les femmes dépensent leur salaire dans l’alimentaire, l’éducation et la santé de leurs enfants, ce qui génère des bénéfices positifs, puissants et mesurables pour la société.

Je voulais parler de ces gens qui travaillent dur pour concrétiser leurs rêves, ceux qui se battent et se sacrifient pour leurs enfants et leur avenir, afin de pouvoir vivre dignement.

[…] Her Job dépeint un fragment de la réalité actuelle en Grèce. Beaucoup de gens se battent pour survivre au quotidien et malheureusement, il y en a beaucoup dont les conditions de vie sont pires que celles de la famille de Panayiota. En ce qui concerne la place des femmes, la situation est assez similaire à celle qui est présentée dans le film. Je fais allusion à une certaine couche de la population qui n’a pas eu d’éducation et pour qui la télévision occupe une place prédominante dans leur quotidien. Ces éléments rendent notre histoire authentique et donnent, je le crois, d’autant plus de poids au parcours de Panayiota. Je pense que la fiction et la réalité se confondent au point qu’on ne sait plus distinguer les deux. Et c’était un des grands défis du film.

Propos recueillis par Vassilis ECONOMOU

Synthèse réalisée par Vanessa Ludier

 



 

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