Une question à… Gidon Kremer sur le système judiciaire en Russie
Gidon Kremer, le plus célèbre des musiciens lettons, était à Paris hier pour diriger un concert à l’occasion d’un festival dédié à la culture balte. Dans un entretien à l’AFP, le violoniste de 71 ans, formé à l’époque soviétique, a évoqué la création d’un festival balte, les caractéristiques propres aux compositeurs de Lettonie, de Lituanie et d’Estonie, ainsi que le système judiciaire en Russie qui assigné à résidence Kirill Serebrennikov, le metteur en scène et cinéaste russe, ainsi empêché de se rendre au festival de Cannes.
Les artistes doivent-ils prendre des positions politiques ?
Ma première mission, c’est d’être musicien. Toutefois, je ne suis pas indifférent à l’injustice dans le monde. J’ai grandi dans un pays totalitaire et j’y suis particulièrement sensible. Comme artiste, je me dois de poser des questions et de soutenir toutes les causes de justice partout et tout le temps.
Aujourd’hui, je ressens beaucoup de compassion envers Kirill Serebrennikov. Il fait face à un système judiciaire affreux, qui ignore les droits de l’Homme. J’aurais bien aimé voir plus de soutien pour lui de la part de ses collègues russes, mais c’est facile de dire ça quand on est loin de Moscou. Tout le monde là-bas ressent de manière plus forte la pression du système politique qui prétend être démocratique mais qui est plein de mensonge et de corruption.
Il faut toutefois admettre, et ceci est un fait, que la majorité des Russes soutiennent leur président. Mais est-ce que la majorité a toujours eu raison dans l’Histoire ? N’y a-t-il pas eu des cas quand les gens ont changé d’opinion après la chute des régimes totalitaires ?
Propos recueillis par AFP
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Photographie de Une – Gidon Kremer at Kammermusikfest Lockenhaus 2008 (crédits : Guus Krol / Flickr)