Une question à… Aïssa Maïga, sur la représentation des Noirs au cinéma

Une question à… Aïssa Maïga, sur la représentation des Noirs au cinéma
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Pour lutter contre la sous-représentation, voire « l’invisibilité », des personnes noires au cinéma, les quotas pourraient être « une des voies possibles », selon la comédienne française d’origine sénégalaise Aïssa Maïga, à l’origine de la montée des marches de 16 actrices françaises noires et métisses mercredi en soirée au festival de Cannes.

[Une question à…]

Par cette montée des marches symbolique à Cannes, quelle situation dénoncez-vous et qu’attendez-vous à l’avenir  ?

Il y a des raisons historiques, de l’héritage, de l’inconscient collectif. Par exemple lorsqu’un scénariste écrit une scène, un film, et que tous les rôles subalternes sont donnés à des non blancs, le fait d’assigner des personnages [issus de la diversité, NDLR] dans certains endroits d’un point de vue social, ou au contraire le fait d’être dans l’invisibilité, l’inexistence totale: ce sont des choses héritées. Mais il y aussi l’éducation, et à ce niveau, du point de vue du regard qu’on porte sur les autres, il y a des choses à déconstruire. […]

On ne souhaite pas faire d’effet d’annonce, que ce mouvement soit un soufflé, qu’il retombe après avoir fait beaucoup de bruit. Ce qui nous intéresse, c’est d’instaurer le dialogue avec les gens qui font le cinéma, depuis le scénariste au financier en passant par le producteur, le réalisateur, le directeur de casting. On doit être dans un rapport plus rationnel, plus pragmatique, moins passionné, avec tous les gens du métier, même ceux qui ne sont pas issus de la diversité, car il y a des mots qui font réagir de façon épidermique, sans que l’on passe par la case débat, par exemple le mot quota, que je ne défends pas spécifiquement, mais qui peut peut-être devenir une des voies possibles. […]

Depuis deux, trois ans la donne est vraiment en train de changer aux États-Unis et les séries y sont pour beaucoup. Dans leurs castings il y a une représentation des diversités incroyable. C’est aussi ce qui a permis l’émergence de figures nouvelles, des femmes noires, des femmes de plus de 50 ans, avec des rôles intéressants. Pour autant, quand je lis l’interview d’une actrice noire aux États-Unis, si on ne me dit pas qu’il s’agit d’une actrice américaine, je peux tout à fait avoir l’impression qu’il s’agit d’une actrice française. Il y a beaucoup de choses en commun, en termes d’invisibilité.

Propos recueillis par Olivier LUCAZEAU (AFP)

Synthèse réalisée Vanessa Ludier



 

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