« Une intermittence solidaire »
Philippe Brelot, directeur de la photographie.
Pouvez-vous décrire rapidement votre parcours et votre entrée dans l’intermittence du spectacle ?
J’ai débuté dans la photo puis j’ai fait un BTS dans les « images qui bougent ». Je suis passé perla télévision, le documentaire et la fiction. J’ai pris le statut d’intermittent en 1986 jusqu’à aujourd’hui.
Sans ce statut, vous pensez que vous auriez pu pratiquer le métier comme vous le souhaitiez ?
Au début oui, jusqu’en 1991 qui a été un grand coup d’arrêt pour beaucoup de monde avec la guerre du Golfe. A l’époque je travaillais pour Disney et tout à coup plus personne ne travaillait pour eux. J’ai été plusieurs mois sans travail. J’ai alors découvert l’intérêt du statut d’intermittent.
Aujourd’hui, si on supprimait le statut des intermittents, vous le vivriez comment ?
Je n’ai pas eu mes heures l’année dernière parce que j’ai travaillé à l’étranger mais j’ai pu me passer des Assedic. Je pourrais donc tenir avec quelque chose d’assez normal pour faire vivre ma famille. En revanche, il ne faut pas de trous.
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics par rapport à l’intermittence et aux métiers du spectacle ?
L’intermittence, je la veux solidaire. A une époque, un « chef op » pouvait faire vivre une équipe complète. C’est devenu impossible. Aujourd’hui, le système donne surtout à ceux qui ont vraiment du travail comme à la télé où l’on voit des abus. Or, ceux qui en ont besoin ce sont les jeunes qui entrent dans le métier et qui vont avoir du mal à avoir leurs heures ou les personnes en fin de carrière…
Est-ce que ça reste un statut favorable à la création ou au contraire sclérosant ?
Pas de sclérose ! Bien sûr, il existe des gens qui fraudent mais je vis au milieu de passionnés ! Parfois certains jouent de notre passion pour en profiter. Il nous arrive de travailler gratuitement et quand un tournage s’arrête, ce sont plusieurs mois de travail de perdu ! Ça crée des situations personnelles et familiales très compliquées ! Il faut donc faire attention avant de nous stigmatiser.
Quels sont vos conseils aux jeunes ?
Il faut de la passion ! Je mourrai au travail !
Quels seraient vos voeux 2014, pour vous et pour les intermittents ?
Pour moi, du boulot et du boulot ! Que les intermittents ne soient pas montrés du doigt comme des parias! Je pense qu’on est une richesse !