Un festival roumain crée une section spéciale controversée sur « l’Islam radical »
Plus d’une centaine de documentaires sont sélectionnés pour le 23e festival du film Astra, qui aura lieu du 17 au 23 octobre dans la ville roumaine de Sibiu. Cent films sélectionnés, répartis en 15 sections thématiques. C’est là que le plus surprenant intervient ! Les organisateurs ont choisi d’étonnants noms pour leurs sections : « À l’intérieur de l’Islam radical », « Fois communistes », « Individu-famille-société », « Pas d’endroit comme ici », « A-roumains », « Citoyens du monde en ligne »…
Ces titres de section n’ont pas été sans étonner, voire susciter des réactions pour certains, tels « À l’intérieur de l’Islam radical », « Fois communistes » ou encore « A-roumains ». Dumitru Budrala, fondateur et directeur de l’événement, assume : « La sélection de cette année est remarquable par la diversité de ses sujets – puisque nous proposons un vaste choix de programmes thématiques – ainsi qu’en termes d’intégration des nouveaux formats et médias immersifs offerts au documentaire. Depuis 23 ans, le festival Astra est comme un passeport que le public peut utiliser pour traverser les frontières et explorer d’autres mondes. »
Trois films dans la fameuse section « À l’intérieur de l’islam radical »
L’islam radical occupe aujourd’hui le devant le scène, du Pakistan aux États-Unis, en passant par la Syrie, l’Iran, la Belgique, la Lybie, la Tunisie, la France… C’est ce qui justifie, selon les organisateurs, qu’il soit devenu une section thématique à part entière du festival. N’est-ce pas lui donner, par la même occasion, une notoriété toujours plus grande ? Si ces films dénoncent la violence inhérente à une doctrine mortifère pour un Occident déjà convaincu, accorder aux djihadistes une importance de premier plan ne risque-t-il pas de satisfaire leur soif de notoriété et de propagande ? Ce débat, qui traverse perpétuellement nos médias européens, ne semble jamais devoir être tranché.
Among the Believers de Hemal Trivedi et Mohammed Ali Naqvi (États-Unis)
L’imam charismatique Among the Believers suit l’imam charismatique Abdul Aziz Ghazi dans sa quête personnelle d’une utopie islamique, régie par la stricte, pendant la période la plus sanglante de l’histoire moderne du Pakistan.
La chambre vide de Jasna Krajinovic (Belgique, France)
Sabri, 19 ans, abandonne sa famille pour aller combattre en Syrie. Devant cette absence soudaine et insupportable, Saliha, sa mère, décide de ne pas rester silencieuse. Avec plusieurs parents confrontés à la même réalité, elle se bat contre l’endoctrinement des jeunes au sein des réseaux djihadistes.
Sonita de Rokhsareh Ghaem Maghami (Allemagne, Iran, Suisse)
Sonita a 18 ans. Originaire d’Afghanistan, sans-papiers et illégale en Iran, elle vit dans la banlieue pauvre de Téhéran avec sa sœur et sa nièce. Téméraire et passionnée, Sonita se bat pour vivre sa vie comme elle l’entend et faire carrière dans le rap. Son rêve se confronte aux nombreux obstacles qu’elle rencontre en Iran et au sein de sa famille restée en Afghanistan qui, sous l’impulsion de sa propre mère, envisage de la vendre pour 9000 $ à un homme que Sonita n’a jamais rencontré.
Huit documentaires concourent dans la compétition principale, OutStanDox :
- Changa revisited de Peter Biella et Leonard Kamerling (États-Unis)
- Dark Gene de Gerhard Schick et Miriam Jakobs (Allemagne, Suisse)
- Dead Slow Ahead de Mauro Herce (Espagne, France)
- Depth Two d’Ognjen Glavonić (France, Serbie)
- Don Juan de Jerzy Sladkowski (Finlande, Suède)
- Employment Office d’Anne Schiltz et Charlotte Grégoire (Belgique)
- Keep Quiet de Sam Blair et Joseph Martin (Hongrie, Royaume-Uni)
- New man d’Aldo Garay (Chili, Uruguay)
À noter que la section « Fois communistes » ne compte que deux films, signe que le peuple roumain évolue progressivement d’un douloureux passé à la possibilité d’un avenir.
Le festival Astra s’impose aujourd’hui comme l’un des plus intéressants rendez-vous européens du documentaire. Ses prises de position, parfois perçues comme provocatrices, en sont une nouvelle preuve.
Vanessa LUDIER