Tremplins musicaux : le grand saut
Sélection des Inouïs à Bourges, Chantier des Francofolies, prix Chorus… Les dispositifs destinés à mettre en avant les jeunes talents constituent aujourd’hui de sérieux, voire indispensables, accélérateurs de carrière.
[Écho de la presse]
Le CV du rappeur KillASon présente un album, deux EP et un palmarès de bête de concours : vainqueur du tremplin du festival caennais Nördik Impakt, coup de cœur des collégiens du prix Chorus, sélection des Inouïs du Printemps de Bourges, lauréat du Fair et Talent Adami Détours. De 2015 à 2017, il a rebondi sur quelques-uns des tremplins les plus efficaces pour propulser sa jeune carrière. Désormais promis à une trajectoire internationale par l’addition du talent et de textes anglophones, le Poitevin de 23 ans incarne la pertinence de ces dispositifs dans un milieu ultra-concurrentiel, où tout est bon pour se faire remarquer : «Il y a aussi eu le Converse avant-poste, grâce auquel j’ai joué à la Cigale devant tous les professionnels parisiens – directeurs artistiques, éditeurs, tourneurs, programmateurs – qui ont découvert mon projet. Le scénario aurait pu être différent, mais ces tremplins ont clairement développé mon réseau et boosté ma carrière.»
En gymnastique, le tremplin a pour fonction de catapulter l’athlète, à qui échoit ensuite l’habileté d’atterrir sur ses deux pieds. En musique, c’est pareil. Depuis les radio-crochets des années 50 jusqu’aux télé-crochets actuels, en passant par les vendredis du Golf-Drouot qui lancèrent Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, on a tout essayé pour débusquer le talent caché et le pousser vers la gloire qu’il mérite. «Les tremplins sont la base de l’industrie musicale en France», pose carrément Yves Bommenel, président du Syndicat des musiques actuelles (SMA) : «C’est d’autant plus vrai aujourd’hui, puisqu’ils participent au raccourcissement du temps accordé pour réussir, ajoute-t-il. Charles Aznavour, qui a commencé enfant, avait plus de 30 ans quand il a signé son premier tube. Un tel acharnement n’est plus possible. Le jeunisme est très fort et des carrières se décident avant la sortie du moindre album. Il n’y a qu’à voir les tremplins dans certains festivals : c’est comme au Salon de l’agriculture, tout le monde se précipite sur la plus belle génisse.» Une scène notamment observée au Printemps de Bourges, où les professionnels se pressent, chaque jour de 12 h 30 à 16 heures, pour assister aux concerts des Inouïs, l’un des tremplins les plus surveillés par le milieu.
Depuis 1985, le Printemps de Bourges a déployé un dispositif de repérages dans les régions, où des jurys de spécialistes filtrent chaque année plus de 3000 candidatures…
Lire l’article complet d’Eric Delhaye sur le site du journal Libération.