“Toutes les parties de campagne finissent par des démangeaisons*”

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Dans un roman abrasif, Matthieu Falcone décrit le mouvement des citadins qui viennent s’installer à la campagne, désireux de se retrouver en prise avec la terre, apportant avec eux leur culture, qu’il faut comprendre comme « LA » culture, faite d’idéaux et de concepts, sans lien avec cette terre qu’ils fantasment. Une œuvre qui explore en filigrane les enjeux civilisationnels auxquels nous sommes confrontés…

Éditorial paru dans Le Cahier Pro 11 de septembre-octobre 2021.

Campagne : tel est le sobre intitulé du nouveau roman, le second, de Matthieu Falcone, qui paraît en cette rentrée littéraire chez Albin Michel. Dans le Nontronnais, jolie région située au nord de la Dordogne, au cœur de ce que Jules Verne a baptisé le « Périgord vert », des citadins de plus en plus nombreux viennent s’installer, désireux de se retrouver en prise avec la terre, apportant avec eux leur culture, qu’il faut comprendre comme « LA » culture. Car cette terre désirée, fantasmée, dans leur esprit, ce sont d’abord des idéaux et des concepts, bien plus que des hommes et un art de vivre transmis au fil du temps, qui les précède et les déborde.

Ces « parvenus », au sens étymologique du terme, organisent bientôt un grand raout, au nom de la diversité, de l’intersectionnalité, de l’écologie, de la paix dans le monde… En bref, une semaine de beuverie pour « homo festivus », ponctuée de belles prestations artistiques et de discours formatés.

Le narrateur est un paysan du coin, qui observe avec beaucoup d’ironie les crispations, les désirs et les rejets mutuels, car s’il s’agit de « faire-village », cela se fait au détriment de ceux qui n’entrent pas dans le cadre universaliste. La concorde globalisante consiste in fine à trier le bon grain de l’ivraie : les bouseux et autres pseudo-fachos sont refoulés chez eux. Tout cela se finit évidemment bien mal ; l’enfance est sacrifiée, de même que le fou du village, symbole de son humanité. Car c’est oublier trop rapidement que le mal n’est pas moins universel, ici-bas, que l’harmonie à laquelle nous aspirons.

Un roman abrasif, qui explore en filigrane les enjeux civilisationnels auxquels nous sommes confrontés, que nous soyons rats des villes ou rats des champs.

Pierre GELIN-MONASTIER

Rédacteur en chef du Cahier Pro

* Citation attribuée à Paul Valéry.

Sommaire du Cahier Pro 11, septembre-octobre 2021
– Juridique / « La conservation des données de connexion jugée nécessaire pour protéger la sécurité nationale », par Frédéric Dieu
– Portrait / « Michel Chantegrel, le magicien de la paye », par Pierre Gelin-Monastier
– Fiscal / « La fiscalité des intermittents du spectacle (1/2) », par Marc de Rievaulx
– Social / « L’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle dans les pays étrangers », par Julien Monnier
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Dessin de Caly paru dans le Cahier Pro n°11, septembre-octobre 2021

Dessin de Caly paru dans le Cahier Pro n°11, septembre-octobre 2021



 

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