Théâtre en livres : le festival célèbre un théâtre qui se lit
Après une première édition en 2017, le festival Théâtre en livres revient en force du 22 mars au 6 avril : quatorze librairies, dix-sept événements et près d’une trentaine d’écrivains invités. À l’origine du projet, il y a les éditions Théâtrales et sa structure de diffusion spécialisée Théâdiff, qui rassemble aujourd’hui plusieurs maisons d’éditions. L’enjeu : faire comprendre que le théâtre se lit aussi !
Entretien avec Mahaut Bouticourt, pour l’équipe des éditions Théâtrales.
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Comment est né le festival Théâtre en livres ?
La première édition a eu lieu en juin 2017. Le festival est né d’une double problématique : l’une, soulevée par les auteurs et autrices des éditions Théâtrales, qui exprimaient leur désir d’aller en librairies, ou dans des lieux de la lecture publique, pour lire des extraits de leurs textes ou de textes publiés au sein de notre catalogue, pour faire entendre des écritures, des univers, pour atteindre un des objectifs du théâtre : le partage. L’autre, liée à la création en janvier 2017 de Théâdiff, une structure de diffusion spécialisée qui défend les catalogues des éditions Théâtrales, Espaces 34, Deuxième époque, M Médias, l’Œil du Prince, l’Espace d’un instant, entre autres, qui a généré un réseau de librairies partenaires. Ces librairies correspondantes travaillent plus étroitement avec nous et ont pour projet commun d’organiser un événement chaque année pour défendre l’idée de la pertinence du livre de théâtre en librairies. Théâtre en livres permet de rassembler nos auteurs et ce réseau, ainsi que les artistes et les maisons d’édition entre eux.
Pourquoi un festival de plus, consacré à la littérature théâtrale ?
Justement… il y a une foule de festivals de théâtre, de théâtre de rue, de théâtre amateur… mais un festival qui met en avant la littérature théâtrale et non pas le spectacle nous semble pertinent. Justement en raison de ce paradoxe que vous soulignez : certes, le théâtre se joue, se voit, se dit… mais il se lit également, et c’est ce que nous défendons : un théâtre qui se lit. Notre manifestation met en évidence que la petite communauté des textes de théâtre existe. Comme l’écrit Victor Hugo (préface au Roi s’amuse), « le drame est imprimé aujourd’hui. Si vous n’étiez pas à la représentation, lisez. Si vous y étiez, lisez encore. » Les textes qu’on publie, on les publie d’abord pour leur dimension littéraire. Bien sûr qu’on espère que des metteurs en scène s’en emparent, mais on cherche surtout à ce que des lecteurs les lisent, parce que, précisément, ces lecteurs peuvent être des praticiens professionnels ou amateurs, enseignants, élèves… La raison d’être de ce festival, c’est de faire entendre des textes dans des librairies, pour créer des rencontres entre auteurs, libraires, clients de la librairie, pour ouvrir un peu la littérature théâtrale, la considérer comme un genre littéraire, la faire entendre à tous et pas seulement aux comédiens ou chercheurs.
« Théâtre en livres » est un nom paradoxal. Pourquoi acheter des livres de théâtre, alors que leur destination naturelle est qu’ils soient entendus sur la scène ?
On a cherché pour cette manifestation un nom qui va à l’encontre de l’idée commune, qui interpelle les spectateurs et les lecteurs. Le livre de théâtre contient déjà tout un univers en soi, qui certes trouvera une expression complète une fois passé au plateau, mais qui est déjà d’une immense richesse. Nous l’expérimentons tous les jours, lire du théâtre est un plaisir unique, qui ouvre des mondes, parle de façon extrêmement directe à nos sensibilités comme peu d’autres formes de littérature le font, et nous espérons le faire découvrir à de plus en plus de personnes.
Qui est à l’origine de la programmation : les libraires ou les cinq maisons d’édition partenaires ?
À l’origine de la programmation, ce sont d’abord les éditions Théâtrales et sa structure de diffusion spécialisée Théâdiff. On a sondé les librairies partenaires, les éditeurs avec lesquels on travaille, sur leurs envies (thématiques, dramaturgiques…) pour partir dans de la co-construction en essayant de faire coïncider les disponibilités et les envies de chacun et de chacune. On essaie aussi de mélanger les auteurs et les autrices, de croiser les catalogues. Parfois, ça donne des binômes qui ont l’habitude de travailler ensemble, comme Claudine Galea et Sylvain Levey (le 6 avril à Libralire), parfois, ce sont de jeunes auteurs et autrices qui ne se connaissent pas (Stéphane Bonnard et Milène Tournier, le 28 avril, à Libralire encore). Tantôt ce sont des lectures croisées, tantôt des lectures dessinées (le 3 avril à Maupetit, à Marseille, avec Vincent Debats et Dominique Richard), tantôt des rencontres thématiques (le 23 mars à La Fleur qui pousse à l’intérieur à Dijon sur la place des femmes dans la littérature théâtrale ou le 2 avril à Ombres blanches, à Toulouse, sur le théâtre et la marionnette). Le tout pour montrer la diversité de nos catalogues (littérature théâtrale jeunesse, adulte, essai) et de nos univers.
Est-il possible pour un dramaturge publié en dehors de ces maisons d’être programmé ?
Pas pour le moment, mais Théâtre en livres s’inscrit tellement dans le mouvement solidaire de cet art collectif qu’est le théâtre, que cela pourrait évoluer lors des prochaines éditions.
Propos recueillis par Pierre GELIN-MONASTIER
Programme : festival Théâtre en livres (et ci-dessous)