« The Cured » : Zombies politiques
Quelques années plus tôt, le terrible virus Maze a transformé la quasi-totalité de l’humanité en zombies cannibales. Mais un vaccin a été trouvé, permettant de soigner les personnes infectées. Pour autant, des problèmes demeurent. Une partie des zombies est incurable. Quant à ceux revenus à la vie civile, ils peinent à se réinsérer.
« The Cured » commence là où « World War Z » et nombre de film de zombies se terminent : un vaccin a été trouvé qui va sauver l’humanité d’une extinction cannibale. Happy end ? Pas évident nous répond ce thriller malin qui pose de stimulantes questions éthiques, sur le pardon et sur le remords.
Il questionne d’une part le rapport des humains rescapés face aux zombies guéris. Ceux-ci pardonneront-ils à ceux-là les crimes qu’ils ont commis ? Leur feront-ils une place dans la société ? Ou les maintiendront-ils sous surveillance, de peur d’une rechute et/ou par refus de leur pardonner ?
Il questionne d’autre part les remords des zombies que le vaccin n’a hélas pas privés de souvenirs, condamnés à être hantés par les cauchemars des crimes monstrueux qu’ils ont commis. Parviendront-ils à se réconcilier avec eux-mêmes et avec les autres ? Ou s’enfermeront-ils dans un séparatisme radical ?
Toutes ces questions éthiques sont traitées à travers trois personnages. Senan (Sam Keeley) a perdu son frère pendant l’infection, dans des conditions qu’on découvrira bien vite. Il est hébergé par sa belle-sœur Abbie (Ellen Page) qui élève, seule, un fils. Conor (Tom Vaughan-Lawlor) n’a pas cette chance. Sa famille l’a banni. Il en est réduit à loger dans un foyer pour anciens zombies. Brillant politicien en pleine ascension avant l’épidémie, il n’accepte pas d’être relégué dans un statut parasite et fomente une révolte. Le docteur Lyons (Paula Malcomson) cherche inlassablement un remède pour soigner sa femme qui a pour l’instant résisté à tous les traitements.
« The Cured » a tous les ingrédients du film de genre, jump scares anxiogènes et cauchemars effrayants inclus. Mais il s’en distingue par la qualité de son interprétation (Ellen Page, qui tisse depuis « Juno » une carrière étonnante entre blockbuster – « X-Men », « Inception » – et film d’auteur) et la finesse de son scénario dont le dénouement, aussi surprenant que logique, m’a cloué sur mon siège. « The Cured » devait sortir en salles le 18 juillet. Pour des raisons qui m’échappent, son distributeur, Bac Films, a baissé les bras. Le film est directement sorti… dans les bacs.
David Freyne, The Cured, Britannique-Irlandais-Français, 2018, 95min
- Sortie : 2 juin 2018
- Genre : Film d’horreur
- Classification : Interdit aux moins de 12 ans
- Avec Ellen Page, Sam Keeley, Tom Vaughan-Lawlor
- Scénario : David Freyne
- Photographie : Piers McGrail
- Musique : Rory Friers et Niall Kennedy
- Distribution : BAC Films