Sortie CD – Gottfried von der Goltz interprète les symphonies de jeunesse de Mozart
Le 26 novembre a paru chez Aparté Music un nouvel album consacré aux symphonies de jeunesse de Wolfgang Amadeus Mozart, enregistrées par Gottfried von der Golz et le Freiburger Barockorchester.
Dossier de presse
PRÉSENTATION
Si les images ont le pouvoir de restituer fidèlement la trace du passé, Gottfried von der Golz et le Freiburger Barockorchester nous prouvent avec cet enregistrement que la musique dissimule elle aussi la mémoire en son sein.
Rarement jouées, les symphonies de jeunesse de Mozart portent en elles la précieuse réminiscence de Mozart enfant, et le noyau de son style.
Le Freiburger Barockorchester complète ainsi, avec ce disque, le portrait du génie autrichien, dont on retrouve ici la trace des influences des années d’apprentissage, l’esquisse de ses goûts (à commencer par la tonalité de sol mineur, perceptible dans la Symphonie K. 22), mais surtout le germe exceptionnel de son Œuvre alors en devenir : on y trouve même une innocente citation de l’air « Non più andrai » des Noces de Figaro (Première Contredanse) !
L’orchestre, dirigé par la main savante de Gottfried von der Goltz livre ici la dernière pièce du puzzle mozartien.
LES DÉBUTS DE WOLFERL, OU LE PLAISIR DE COMMENCER
« Tout début est difficile », dit-on. Voilà un proverbe qui n’aurait sans doute guère été pertinent pour le jeune Mozart. Qu’on ne s’attende pas non plus à l’entendre émettre un soupir de résignation comme celui que poussa Schubert plus tard, s’exclamant : « Après Beethoven, qui peut encore espérer faire quoi que ce soit ? » Se « frayer un chemin vers la grande symphonie » (Schubert) serait un développement douloureux comportant de nombreuses œuvres intermédiaires, des fragments et des projets abandonnés ? En aucune façon !
Non, le jeune Mozart est plutôt comparable à un crocodile jamais rassasié, avide de musique et de culture, comme l’a fait Nikolaus Harnoncourt : « Il faut imaginer les choses ainsi : dans une famille bourgeoise normale naît un crocodile. Léopold, le père, lui-même musicien réputé, remarque immédiatement ce qui se passe, arrête de composer et se consacre entièrement à l’éducation de son enfant. Le garçon, qui n’est jamais allé à l’école, avait la plus haute éducation, tout venait de son père. » Le père : Léopold Mozart. Musicien, compositeur, homme de lettres. Organiste et violoniste distingué dès sa jeunesse. Plus tard, bachelier diplômé en philosophie à l’Université de Salzbourg, depuis 1743, membre de la chapelle de cour du prince-archevêque et à partir de 1763, son vice-maître de chapelle. Dans les années 1740 et 1750, Léopold était un compositeur très productif et fut très vite considéré comme un représentant de la symphonie moderne. En outre, lecteur enthousiaste et adepte des sciences de la nature, il était un admirateur du philosophe des Lumières Johann Christoph Gottsched, entretenait une correspondance avec Christian Fürchtegott Gellert et était un ami de Christoph Martin Wieland. En 1756, l’année de naissance de Wolfgang, il publia un ouvrage savant, Versuch einer gründlichen Violinschule (Méthode raisonnée pour apprendre à jouer du violon, d’après le titre de l’édition française de 1770), qui connut trois éditions jusqu’à sa mort, en 1787, et fut diffusé dans toute l’Europe grâce à plusieurs traductions.
Le père de Wolfgang était tout sauf un compositeur et musicien médiocres. Précepteur privé, il a donné à son fils une vaste culture et l’a formé au métier de compositeur à l’aide de menuets (la première composition de l’enfant fut le Menuet K. 1). Pour le compositeur débutant, cette danse devint le noyau de son style, et ce n’est pas un hasard si, au cours de ses dernières années, après avoir été nommé k.k. Kammermusicus (« musicien de chambre impérial et royal ») fin 1787 à Vienne, il put remplir en vieux routier les devoirs de sa charge consistant à écrire des danses pour les bals impériaux à la Redoute. En font partie les Cinq Contredanses K. 609, composées vers 1787, dont la dernière a été écrite peu avant sa mort, en 1791. Elles font le lien avec ses débuts d’enfant-prodige salzbourgeois, tout en exprimant l’essence du style de sa maturité (particulièrement perceptible dans la première contredanse, qui cite d’emblée l’air « Non più andrai » des Noces de Figaro).
Chez le jeune Mozart comme chez l’adulte, on constate donc un plaisir constant de commencer. La page blanche se présente sans doute à lui comme un défi, mais elle ne l’emplit pas d’une horror vacui. Ce qui ne veut pas dire que Mozart – comme aimera à le raconter la légende romancée – ait simplement jeté sur le papier toutes ses compositions « comme dictées par le ciel ». Dans le texte de dédicace de ses Quatuors dédiés à Haydn, les six Quatuors K. 387, 421, 428, 458, 464 et 465, écrits en réaction aux quatuors novateurs de l’opus 33 de Joseph Haydn, il parle même du « fruit d’un travail long et laborieux » (« frutta di una lunga e laboriosa fatica »). Bien sûr, Mozart adulte notait des esquisses de certains passages musicaux sur des feuilles à part (qui, pour la plupart, n’ont malheureusement pas été conservées), et il lui est souvent arrivé de concevoir des idées musicales puis de les rejeter. On connaît également un grand nombre d’œuvres de lui qui sont restées inachevées, mais il ne faut pas les considérer comme le résultat d’une capitulation devant la tâche à accomplir, mais comme des idées mises de côté et auxquelles il aurait toujours pu revenir. Pour Mozart, chaque commencement était associé à un grand plaisir pris à la nouveauté, à créer du nouveau, et représentait un défi bienvenu pour son intelligence ludique. À considérer sa biographie dans son ensemble, on constate que le jeune Mozart contient déjà en germe le Mozart adulte.
Henning Bey
TITRES
Symphony in E flat major, K. 16
Five Contredanses, K. 609 (no.2, E flat major)
Symphony in D major, K. 19
Five Contredanses, K. 609 (no.3, D major)
Symphony in F major, K Anh. 223/19a
Five Contredanses, K. 609 (no.1, C major)
Symphony in B flat major, K. 22
Five Contredanses, K. 609 (no.4, C major)
Symphony in G major, K Anh. 221/45a
Five Contredanses, K. 609 (no.5, G major)
RENSEIGNEMENTS
Daniela Lieb, flute
Ann-Kathrin Brüggemann, Maike Buhrow, oboe
Carles Vallès, bassoon
Bart Aerbeydt, Gijs Laceulle, horn
Charlie Fischer, percussion
Gottfried von der Goltz, Martina Graulich, Christa Kittel, Gerd-Uwe Klein, Kathrin Tröger, violin 1
Petra Müllejans, Daniela Helm, Beatrix Hülsemann, Brigitte Täubl, violin 2
Ulrike Kaufmann, Werner Saller, Annette Schmidt, viola
Stefan Mühleisen, Guido Larisch, cello
James Munro, double bass
Torsten Johann, harpsichord
Enregistré par Little Tribeca à l’Ensemblehaus de Fribourg (Allemagne) du 11 au 17 février 2019
Direction artistique : Nicolas Bartholomée
Prise de son : Nicolas Bartholomée et Franck Jaffrès
Montage, mixage et mastering : Franck Jaffrès
Label : Aparté Music
.