« Sans un bruit » : un film d’horreur post-apocalyptique et… familial
Dans un futur post-apocalyptique l’humanité a été quasiment détruite par des créatures mystérieuses, dont l’ouïe ultra-sensible permet de détecter le moindre bruit et dont la motricité et la force ne laissent à leurs proies aucun sursis.
La famille Abbott a réussi à survivre, sans faire un bruit, à force d’inventivité. Mais l’équilibre qu’ils ont patiemment construit dans leur maison est menacé par la grossesse d’Evelyn et l’arrivée au monde d’un bébé forcément bruyant.
Sans un bruit a fait un triomphe aux États-Unis. Triomphe mérité tant ce film est un chef-d’œuvre qui m’a cloué (retenez ce verbe) à mon fauteuil de la première à la dernière minute, moi que pourtant terrifient les films d’horreur. Sans un bruit n’est pas seulement un film d’horreur avec des grosses bestioles terrifiantes – façon Alien – jouant au chat et à la souris avec d’innocentes victimes. C’est un film d’horreur post-apocalyptique familial et intelligent.
Un film post-apocalyptique. L’adjectif est à la mode. Il est devenu un genre à part entière, dans la littérature puis au cinéma (Je suis une légende, World War Z, L’Aveuglement, Le Transperceneige, Walking Dead, La Route…). Et c’est tant mieux.
J’adore les interrogations que suscite le postulat de départ : que se passerait-il dans un monde détruit dans sa quasi-totalité ? Quel sens métaphysique y conserverait le combat à mort que doit délivrer une poignée d’humains résilients pour survivre ? La Route de Cormac McCarthy est, à cet égard, l’un de mes romans préférés, d’autant plus terrible qu’un père et son fils ne sont pas menacés par je-ne-sais-quelle violence surnaturelle mais par la dureté des éléments et la cruauté égoïste des autres survivants.
Comme le livre de McCarthy – et le film de John Hillcoat -, Sans un bruit interroge le lien familial. Un lien familial mis à mal, dès les premières images du film, par un drame terrible dont on ne dira mot, mais qui nous souffle et nous glace. Sans qu’un seul mot soit prononcé, A quiet place nous fait comprendre l’amour immense qui unit Lee, Evelyn et leurs enfants. La circonstance que le couple Abbott soit interprété par John Krasinski et Emily Blunt, unis à la ville, n’est pas sans impact. On frise parfois l’indigestion familialiste très US ; mais on n’y succombe pas.
Enfin, et c’est le plus important, Sans un bruit est un film intelligent. S’il parle à notre cœur en mettant un scène une famille aimante, il parle tout autant à notre intelligence avec ce père bricoleur prêt à tout pour sauver sa famille, cette mère enceinte dont le courage impressionnant au moment d’accoucher dans les pires circonstances nous cloue à notre fauteuil (encore ? y aurait-il une subtile allusion ?) et cette fille futée qui saura faire de sa surdité un atout paradoxal pour combattre des créatures “hyperacousiques”. Pas facile a priori de raconter l’histoire sans paroles d’une famille condamnée au silence pour survivre. Le scénario aurait pu faire du surplace. Il n’en est rien.
John Krasinski, Sans un bruit, États-Unis, 2018, 90mn
- Sortie : 20 juin 2018
- Genre : thriller
- Titre original : A Quiet Place
- Classification : interdit aux moins de 12 ans
- Avec John Krasinski, Emily Blunt, Noah Jupe, Millicent Simmonds, Cade Woodward, Leon Russom, Doris McCarthy.
- Scénario : Scott Beck, Bryan Woods
- Image : Charlotte Bruus Christensen
- Musique : Marco Beltrami
- Distribution : Paramount Pictures France
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