RIP Pierre Billard : une vie donnée au cinéma (1922-2016)

RIP Pierre Billard : une vie donnée au cinéma (1922-2016)
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Né à Dieppe en 1922, le journaliste et historien du cinéma Pierre Billard est mort le jeudi 10 novembre dernier, à l’âge de 94 ans. Créateur du magazine Cinema, cofondateur du Point, critique au « Masque et la Plume » (France Inter), aux Nouvelles littéraires et à L’Express, il joua un rôle majeur pour le 7e art, tout au long du XXe siècle. Il est l’auteur de huit ouvrages sur le cinéma.

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Si les artistes sont des passeurs dans leur ordre créatif propre, il existe d’autres passeurs, dans l’ombre, qui permettent à l’art de rayonner : les journalistes et critiques. Trop souvent méprisés, ils jouent pourtant un rôle fondamental dans la production artistique d’un temps donné. Certains veulent désormais réduire les critiques au rôle de simple relai publicitaire : les artistes invitent les médias pour être loués. Mais la vocation profonde du critique est de trouver, puis de diffuser ce que l’art d’une époque offre de meilleur, sur le fond et la forme, quant à l’esthétique et au sens. Pierre Billard est de ceux-là.

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Le cinéma pour passion

Philosophe de formation, formé à l’esthétique par le penseur et résistant français Valentin Feldman, Pierre Billard développe très tôt un goût pour la réflexion et le sens. Un art lui semble être le vecteur de son temps pour porter ce sens : le cinéma. En marge de ses études sur le 7e art, il crée différents ciné-clubs jusqu’à devenir, en 1952, président de la Fédération française qui les réunit. Deux ans plus tard, il crée la revue Cinéma, à laquelle participent notamment Gilles Jacob, Jean-Paul Torok, Bertrand Tavernier, Noël Simsolo et Claude Michel Cluny.

Il intensifie son travail de journaliste en collaborant à diverses revues, avant de cofonder Le Point, en 1972, avec Olivier Chevrillon, Claude Imbet, Georges Suffert et Jacques Duquesne. Pendant plus de 15 ans, il dirige les pages culturelles de l’hebdomadaire. À la fin des années 80, il devient par ailleurs conseiller du président du festival de Cannes.

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Un passeur de l’oralité et de l’écrit

Son œuvre de transmission est autant oral qu’écrit. Il enseigne ainsi l’histoire du cinéma à Sciences Po Paris, en même temps qu’il publie différents ouvrages, sur René Clair, Louis Malle, Marc Allégret, le festival de Cannes ou encore sur le film Astérix et Obélix contre César. Son maître ouvrage demeure toutefois L’Âge classique du cinéma français, qu’il fait paraître en 1995, en même temps que Jean-Michel Frodon publie L’Âge moderne du cinéma français.

Jean-Michel Frodon…Billard de son vrai nom. Fils de Pierre, il commence comme critique au Point en 1983 et donne fréquemment des séminaires à… l’Institut d’Études Politiques de Paris. Preuve en est que l’acte de transmission a déjà été réussi, par cette même trajectoire de père en fils !

Vanessa LUDIER

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