RIP Gabriele Ferzetti, playboy de « L’avventura » et beau-père de James Bond
Qui connaît encore Gabriele Ferzetti ? Ce nom ne dit presque plus rien aux générations actuelles. Pourtant, il a tourné près de 160 films avec les plus grands : Michelangelo Antonioni, Gina Lollobrigida, Marcel Carné, Vincente Minnelli, Costa-Gavras, Sergio Leone… Il est mort à Rome le 2 décembre dernier, à l’âge de 90 ans.
C’est dans la ville de Rome qu’il est d’ailleurs né, le 17 mars 1925. De famille bourgeoise, il commence le cinéma dès l’âge de 16 ans, avant de se tourner vers le théâtre, durant la Seconde Guerre mondiale. Alors que le néoréalisme enchaîne les succès, il continue de préférer la scène, avec notamment Visconti : Comme il vous plaira de Shakespeare. Il ne retourne derrière la caméra qu’avec Carmine Gallone, dans son Puccini.
Sous l’aile d’Antonioni
En 1953, c’est le grand tournant ; il joue dans trois films importants, qui le fond accéder à la célébrité : Le Soleil dans les yeux d’Antonio Pietrangeli, Vêtir ceux qui sont nus de Marcello Pagliero et surtout La Marchande d’amour (La Provinciale en italien) de Mario Soldati. Ce dernier film, inspiré d’un ouvrage d’Alberto Moravia, raconte l’histoire d’une femme, Gemma, qui raconte sa vie et ses désillusions à son mari qu’elle a trompé. Gabriele Ferzetti, le mari trompé, donne la réplique à la superbe Gina Lollobrigida.
C’est alors que Michelangelo Antonioni le prend sous son aile, dans Femmes entre elles (1955), puis dans L’avventura (1960), dans lequel Gabriele Ferzetti interprète le rôle du séducteur qui, après la disparition de sa fiancée, courtise sa meilleure amie. Le film est un triomphe.
Des succès cinématographiques en succès télévisés
Les tournages s’enchaînent, non seulement en Italie, mais encore en France (Jean Delannoy, Marcel Carné…) et aux États-Unis. S’ils jouent dans des films intimistes, il est également retenu pour des rôles dans des films au budget imposant : en 1968, il endosse le rôle de l’impitoyable patron d’un chemin de fer, qui embauche des tueurs (menés par Henry Fonda) pour déloger la jolie veuve (Claudia Cardinale) d’Il était une fois dans l’Ouest ; l’année suivante, il joue le père de la fiancée tragique de James Bond (Georges Lazenby), dans Au service secret de Sa Majesté (1969). C’est lui qui adressa à 007 cette fameuse phrase : « Do not kill me, Mr. Bond. At least not until we’ve had a drink. »
Entre 1960 et 1980, il tourne ainsi pas moins de 50 films, avant de sombrer peu à peu dans l’oubli. Si sa présence au cinéma fut de plus en plus rare, il apparut de plus en plus à la télévision, notamment dans la série française Une femme formidable, qui dura pendant près de 15 ans, entre 1992 et 2007. Pendant les cinq premières saisons (+ épisode 1 de la saison 7), il y interprète le rôle de Nono Mariotti, père de Catherine Beaumont (Anny Duperey), vénérable patriarche vivant au Portugal, où il peint et écrit, recevant sa famille durant les vacances estivales.
Gabriele Ferzetti est mort paisiblement mercredi 2 décembre dernier, à l’âge de 90 ans. Il était marié à Maria Grazia Eminente, riche héritière originaire de Milan et qui fut actrice le temps de quelques rares films. Ils ont une fille, Anna, qui est l’actuelle compagne de l’acteur Pierfrancesco Favino.
Vanessa LUDIER