RIP. Françoise Dorin, romancière et comédienne (1928-2018)
La romancière et comédienne Françoise Dorin est décédée vendredi des suites d’une longue maladie quelques jours avant son 90e anniversaire. Fille du chansonnier René Dorin, Françoise Dorin avait commencé sa carrière comme comédienne aux côtés notamment de Michel Piccoli et Roger Hanin. Elle s’était ensuite mise à l’écriture (sans abandonner sa carrière de comédienne) devenant dans les années 1970 l’un des auteurs de théâtre les plus joués en France.
[avec AFP]
Née à Paris le 23 janvier 1928, elle fit ses débuts de comédienne en 1957 au Théâtre des Deux-Ânes dans des revues de chansonniers, auprès de son père, puis sur diverses scènes. Elle écrivit sa première pièce (sous pseudonyme) en 1967, Comme au théâtre. En 1969, elle présenta Paris Club, une émission de télé où son sens de la répartie faisait merveille
Parolière et dramaturge
Élevée dans les cabarets auprès de son père, le célèbre chansonnier René Dorin (1891-1969), elle était aussi une parolière douée. On lui devait « Que c’est triste Venise » (mis en musique par Charles Aznavour), « N’avoue jamais » (qui représenta la France au concours 1965 de l’Eurovision, chantée par Guy Mardel) et beaucoup d’autres titres interprétés par Juliette Gréco, Dalida, Claude François, Mireille Mathieu, Michel Legrand ou Céline Dion.
Il y eut dans les années 70 et 80 un véritable « phénomène Dorin ». Des pièces comme La facture (1968), Un sale égoïste (1970) ou Le tournant (1973) furent jouées un millier de fois chacune. En 1976, elle fit un malheur avec son roman Va voir maman, papa travaille. Pour la seule année 1981, sa pièce, L’intoxe, faisait chaque soir salle comble à Paris et son livre Les lits à une place a dépassé le million d’exemplaires.
« La facilité n’est pas facile ! »
Au total, Françoise Dorin, blonde au sourire généreux et punch à toute épreuve, a écrit plus de 25 romans, empreints de légèreté et de bonne humeur, et une vingtaine de pièces, servies par de grands noms comme Jacqueline Maillan, Edwige Feuillère, Jeanne Moreau, Michèle Morgan, Jean-Claude Brialy, Jacques Dufilho ou Michel Serrault, sans oublier son compagnon depuis 1975, le comédien Jean Piat, aujourd’hui âgé de 93 ans.
« On pense que je suis là pour faire sourire, pour faire des choses faciles. C’est vrai. Mais j’aimerais qu’on reconnaisse que la facilité n’est pas facile ! », assurait-elle au Monde en 2002.
Divorcée de l’acteur Jean Poiret, avec qui elle eut une fille, Françoise Dorin partageait depuis 1975 la vie de l’acteur Jean Piat.
Elle avait reçu le Grand prix du théâtre 1984 de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) pour « L’étiquette », récompense qu’elle dut ironiquement partager avec son contraire artistique : Samuel Beckett, dramaturge longtemps d’avant-garde devenu un classique.
Photographie de Une – Françoise Dorin au Salon du Livre de Strasbourg en 2009 (Ji-Elle / Wikipédia)