Rien de nouveau sous le soleil ?
La pandémie, terrible en soi, est une belle opportunité pour entamer une réflexion en profondeur sur ce que sont les arts et la culture, afin de sortir d’une marchandisation effrénée des biens culturels. Il semble néanmoins que les initiatives en ce sens sont hélas bien rares.
Éditorial paru dans Le Cahier Pro 6 de novembre-décembre 2020.
La pandémie a mis le monde à l’arrêt, a fortiori le monde artistique et culturel qui a vu ses cinémas, ses théâtres et ses musées fermer, ses créations et ses tournages annuler ou reporter, ses commandes et ses projets avorter.
J’en parle au passé quand il faudrait le faire au présent, le changement fréquent de couleurs de nos villes et de nos départements – petit jeu de coloris imaginé par nos gouvernants, qui entretient ainsi la menace – menaçant constamment le moindre frémissement créatif. Nul ne peut anticiper d’où viendra le coup fatal, qu’il soit sanitaire et/ou politique – Jean-Raymond Jacob, directeur du CNAREP Le Moulin Fondu, ne me contredira pas.
Ce temps d’accalmie forcée pourrait être l’occasion de repenser certains aspects obscurs, à savoir la culture comprise comme « marchandise vedette de la société spectaculaire » (Guy Debord) ou encore, pour le dire avec Pasolini, un fascisme hédoniste qui promeut une « culture de masse […] directement liée à la consommation » : ce consumérisme porte aussi bien sur l’électroménager que sur la télévision (cf. Écrits corsaires) et, pourrions-nous poursuivre à sa suite, le théâtre, le cinéma, la danse, les expositions…
Or cette absence de réflexion en profondeur, à quelques expressions marginales près, est surprenante. Il y a une nécessité absolue de réfléchir à l’essence même de la création artistique ; au contraire, l’on entend partout résonner – ventre affamé n’aurait-il pas d’intelligence ? – les appels à la consommation : « Il faut venir au théâtre, au cinéma… » – « Pourquoi ? » – « Peu importe, venez ! » Telle est la logique d’un art qui se pense essentiellement comme un divertissement, gesticulant comme une volaille sans tête. Telle était déjà la logique du monde d’avant, si l’on en croit Debord et Pasolini. N’avons-nous rien d’autre à proposer ?
Rédacteur en chef du Cahier Pro
Sommaire du Cahier Pro 6, novembre-décembre 2020
– « L’activité partielle des intermittents du spectacle, retour sur un dispositif d’une ampleur inédite », par Christelle Barrilliet
– « Jean-Pierre Saez, la diversité culturelle au cœur », par Pierre Gelin-Monastier
– « Le contrôle fiscal : l’essentiel pour comprendre (part 2) », par Marc de Rievaulx
– « Temps de travail et temps de repos des professionnels du spectacle », par Clément Monnier
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Dessin de Caly