Présidence de Radio France : cinq hommes, une femme et un couffin
Six candidats pour un fauteuil : le CSA a dévoilé mercredi la liste des cinq hommes et de la femme en lice pour succéder à Mathieu Gallet à la tête de Radio France, en pleine réforme de l’audiovisuel, après sa destitution en raison d’une condamnation pour favoritisme.
[avec AFP]
Seule femme et favorite
Sibyle Veil, directrice déléguée aux opérations et aux finances de Radio France depuis 2015, est la grande favorite, selon des sources concordantes. La seule femme en lice, issue de la même promotion à l’Ena que le président Emmanuel Macron, a formé un « ticket » avec Laurent Guimier, l’actuel directeur des antennes de Radio France. Très respecté en interne, ce dernier a piloté la transformation de France Info en un « média global », c’est-à-dire déployé à la radio, la télévision et en numérique.
Les autres candidats sont, dans l’ordre alphabétique :
- Jérôme Batout, directeur général de Publicis Media et conseiller de la revue Le Débat, philosophe et économiste de formation qui a notamment conseillé l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault ;
- Bruno Delport, un homme de radio actuel directeur de TSF Jazz et ancien patron de Ouï FM et Radio Nova ;
- François Desnoyers, un ancien haut cadre de la Maison ronde, qui fut notamment directeur en charge de la stratégie et directeur en charge des antennes.
- Guillaume Klossa, fondateur du centre de réflexion proeuropéen EuropaNova et membre du comité directeur de l’Union européenne de radio-télévision ;
- Christophe Tardieu, haut fonctionnaire dans la culture et directeur général du Centre national du cinéma.
Les « projets stratégiques » des candidats seront publiés ce mercredi par le CSA. Ce dernier tranchera entre ces candidats d’ici mi-avril : il publiera d’ici le 4 avril, la liste de ceux qu’il auditionnera. Les auditions, en partie publiques, se dérouleront dans la semaine du 9 au 13 avril et la nomination du nouveau PDG interviendra au plus tard le 14.
Au salon des refusés…
Deux autres dossiers ont en revanche été écartés car ils ne répondaient pas aux critères fixés par l’instance de régulation.
Exit notamment la candidature à la Coluche du trio de présentateurs et humoristes de l’émission de France Inter « Par Jupiter ! » : Charline Vanhoenacker, Guillaume Meurice et Alex Vizorek avaient déposé en personne leur dossier au CSA et proposaient, sur un mode loufoque, de mener à bien un « démantèlement de qualité » du service public audiovisuel.
« Nous sommes sous le choc. C’est la stupeur et l’incompréhension… », a commenté sur Twitter la journaliste et humoriste belge.
Vers une « BBC à la française » ?
C’est le doyen des administrateur de Radio France, Jean-Luc Vergne, qui assure l’intérim depuis le départ le 1er mars de Mathieu Gallet, révoqué fin janvier par le CSA après une condamnation pour favoritisme lorsqu’il dirigeait l’Ina (Institut national de l’audiovisuel).
Une révocation totalement inédite, qui a plongé Radio France dans l’incertitude, en pleine préparation par le gouvernement d’une vaste réforme de l’audiovisuel public.
Cette réforme pourrait conduire à la mise en place d’une présidence commune aux entreprises du secteur (Radio France, France Télévisions, France Médias Monde…), regroupées dans une sorte de « BBC à la française ». Si ce scénario d’une présidence commune pour l’audiovisuel public se concrétisait, les mandats des dirigeants du secteur, dont celui du successeur de Mathieu Gallet, pourraient être abrégés.
Le gouvernement veut aussi retirer au CSA le pouvoir de nommer les dirigeants de ces entreprises, pour le confier aux conseils d’administration des groupes concernés.
Photographie de Une – Radio France 1 (crédits : Pierre Gelin-Monastier / Profession Spectacle)