Pour une gouvernance collégiale des lieux culturels publics
Historiquement, la politique culturelle publique s’est forgée sur l’indépendance des créateurs vis-à-vis du politique et autres financeurs. Soit. Mais en voyant toutes les affaires qui sortent, mois après mois, ne pourrait-on pas aller vers davantage de collégialité ?
Éditorial paru dans Le Cahier Pro 7 de mars-avril 2021.
Dans mon précédent éditorial, j’ai évoqué le problème de la gouvernance dans les politiques culturelles en une phrase : « Il y a l’essoufflement d’une gestion verticale qui remet le pouvoir dans les mains d’un seul : le directeur ou la directrice est nommé uniquement pour son projet, sans que soient prises en compte ses capacités humaines à diriger concrètement un lieu, donc des personnes. »
Certains ont pensé que je visais le directeur de l’association la Paperie, le CNAREP des Pays-de-la-Loire servant d’exemple initial. Or je ne connais pas la responsabilité exacte de ce monsieur : les témoignages divergent et nous savons que la vérité – comme la querelle – est éminemment relationnelle. Ce n’est pas un homme, mais un système qui est visé. J’aurais tout aussi bien pu citer, comme autres cas récents, le théâtre des Quartiers d’Ivry ou celui de l’Union à Limoges…
Historiquement, la politique culturelle publique s’est forgée sur l’indépendance des créateurs vis-à-vis du politique et autres financeurs. Il est important de le rappeler et de préserver cet acquis.
Toutefois, à la lumière des droits culturels, on pourrait aller vers davantage de collégialité, ne serait-ce que dans le procédé des nominations (pourquoi ne pas demander par exemple à l’équipe d’un lieu culturel de se prononcer sur les projets proposés ?) et par la mise en pratique systématique d’évaluations beaucoup plus ouvertes qu’actuellement, dès lors qu’il y a mission de service publique et label. Cela permettrait à la fois de préserver l’autonomie des choix artistiques et de travailler à une diversité des modèles de gouvernance.
Rédacteur en chef du Cahier Pro
Sommaire du Cahier Pro 7, mars-avril 2020
– Juridique / « L’enfant influenceur et les réseaux sociaux : quel encadrement ? », par Frédéric Dieu
– Portrait / « Marc Bayard et la transversalité artistique », par Pierre Gelin-Monastier
– Fiscal / « La TVA dans le secteur de la culture », par Marc de Rievaulx
– Social / « Peut-on être intermittent du spectacle et chef d’entreprise ? », par Clément Monnier
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Dessin de Caly