« Peppermint » : de la bonne baston au détriment des questions éthiques
Riley North (Jennifer Garner) a une gamine adorable et un mari aimant dont le seul défaut est d’avoir approché de trop près la mafia de la drogue. Quand il est éliminé par les sicaires à ses trousses et que sa fille meurt d’une balle perdue, Riley North voit sa vie s’effondrer. Si elle reconnaît les assassins et les fait juger, un juge véreux les fait libérer.
La mère de famille, assoiffée de vengeance, décide d’obtenir justice par ses propres moyens.
L’affiche de Peppermint rappelle celle de la série The Leftovers avec laquelle, hélas, ce « vigilante film » n’a rien en commun. Un « vigilante film » a pour thème l’auto-justice et pour héros un citoyen ordinaire, confronté à l’impuissance des pouvoirs publics, qui décide de se venger seul du meurtre de sa famille. Le genre est fécond depuis Charles Bronson dans Un justicier dans la ville et son récent remake avec Bruce Willis.
Le parti pris de Peppermint, avec son titre déroutant de friandise sucrée, est de faire endosser le rôle vedette par une femme. Pierre Morel est à la manœuvre, un Frenchie qui, depuis Banlieue 13 et Taken, est parti à Hollywood monnayer son talent à chorégraphier les scènes d’action sans se montrer trop regardant sur le scénario qui en est le prétexte. Son cynisme revendiqué, la complaisance avec laquelle il filme les meurtres à la chaîne commis par son héroïne pour remonter jusqu’à l’odieux chef de gang responsable de la mort de sa fille et de son mari font question.
Le plus gênant peut-être est que Pierre Morel sait y faire, qu’il sait tourner des fusillades, qu’il sait tenir en haleine son public jusqu’à un dénouement qu’on connaît pourtant d’avance. Et Jennifer Garner, révélée au début des années 2000 dans Alias et Daredevil, qui s’était perdue depuis une dizaine d’années dans des comédies familiales sans relief, fait honnêtement le job.
On tremble que Peppermint fasse un carton chez les ados, qui oublieront les dilemmes éthiques posés par le film et n’en retiendront que l’efficacité des bastons.
Pierre Morel, Peppermint, États-Unis, 2018, 95mn
- Sortie : 12 septembre 2018
- Genre : film d’action
- Classification : tous publics
- Avec Jennifer Garner, John Jr Gallagher, Method Man, John Ortiz, Richard Cabral, Tyson Ritter, Annie Ilonzeh, John Boyd, Jeff Hephner, Eddie Shin
- Scénario : Chad St. John
- Distribution : Metropolitan Filmexport
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