Patrick Vignal, député LREM, prêt à rencontrer le syndicat des orchestres de bal en crise

Patrick Vignal, député LREM, prêt à rencontrer le syndicat des orchestres de bal en crise
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Lors de notre enquête sur les fêtes votives et orchestres de bal dans l’Hérault, enquête qui s’est vite transformée en panier de crabes (menaces, censure, diffamation contre notre journaliste…), nous avions constaté un cruel manque de dialogue et avions conclu notre enquête en interpellant le SNACOPVA, expliquant que Patrick Vignal, député LREM de l’Hérault, membre de la commission culture de l’Assemblée nationale, attendait leur appel pour faire avancer le dossier. C’est ce qu’il nous a confirmé.

Entretien.

Monsieur le député, il était convenu que vous ayez un entretien avec Françoise Nyssen, ministre de la culture, pour évoquer le sort des orchestres de bal. Qu’en est-il ?

La ministre sera à Lodève samedi 7 juillet, j’en parlerai alors avec elle. Mais aujourd’hui, le vrai débat dépasse la question des seuls orchestres. Il s’agit de savoir quelle société nous voulons. Voulons-nous d’une société numérisée, ubérisée, dédiée aux Gafa et dans laquelle nous oublions la célébration collective ? L’économie de notre région camarguaise, avec les fêtes, les orchestres, l’hôtellerie et le tourisme, représente 50 millions d’euros. Nous avons de belles traditions dans nos territoires, autour du taureau, qui est souvent un prétexte à organiser ces fêtes. Je suis de la métropole, étant né à Montpellier et je ne vous cache pas que, plus jeune, je n’allais jamais dans les fêtes, dont il me semblait qu’elles étaient réservées aux gens du village. Je me suis rendu compte, au cours de mes deux mandats, qu’il y avait, dans les territoires du Pays de l’Or, du Pays de Lunel, une vraie communication. Des gens prennent des vacances pour s’y rendre ! Georges Frêche m’avait demandé de mettre en place à Montpellier la Fête de la Méditerranée, qui aurait convié tous les pays. Je n’ai jamais pu le faire car les choses étaient trop compliquées, en matière de sécurité et d’entraide, tandis que dans les villages, même les élus et les maires se déguisent et montent sur les chars. Il y a une vraie célébration collective. Nous ne pouvons pas nous dispenser de ce travail en commun, alors que nous vivons dans une société individualiste. Nos enfants passent leur vie sur les GAFA. Il faut retrouver l’identité de la France, de ses villages ! Cela dépasse l’orchestre. C’est un art de vivre qu’il faut défendre.

Mais il est naturel que les orchestres de bal professionnels tentent de sauver leur peau. Vous comprenez bien qu’il s’agit là de leur travail.

Et ils ont raison ! L’orchestre est obligatoire dans une fête. Ils ont raison de se fédérer. Cela semble un peu compliqué avec leur syndicat

Mais les choses sont en train de bouger !

Oui, c’est ce qu’il semble. Mais il faut que tout ce monde soit rassemblé : élus, orchestres, comités des fêtes, clubs taurins. L’idée n’est pas de défendre son identité camarguaise en rejetant les étrangers. Il s’agit d’un art de vivre. La ministre de la culture doit effectivement les soutenir parce qu’il existe, il est vrai, une concurrence illégale et c’est aussi à eux de faire du ménage chez eux. Ensuite, les budgets sont serrés. Un orchestre professionnel coûte au moins 6 000 €.

Pour ce qui est de la concurrence illégale, ne serait-ce pas aux services de l’État de vérifier qu’il n’y ait pas de travail dissimulé et que les déclarations soient faites dans les règles ?

Oui, mais vous savez, le vrai problème, c’est que les services de l’État sont concentrés sur le terrorisme. Nous sommes dans une région compliquée…

Il me semble que ce n’est pas tout à fait la même chose. On parle de la répression des fraudes…

Mais l’été, nous avons aussi tout ce qui concerne la restauration ambulante. Il manque du personnel dans les services de l’État. Ce travail revient à la fois aux services communaux, aux services de l’État et aux orchestres. En effet, un orchestre coûte aujourd’hui entre 6 000 et 10 000€, charges comprises. Mais certains orchestres ne demandent que 5 000€ et disent aux maires qu’ils se débrouillent…

L’État n’a-t-il pas un rôle de prévention et de communication ? Ne devrait-il pas déjà informer les mairies et les comités des fêtes ? Qu’ils sachent qu’il n’est pas possible d’engager un orchestre à 4 000 ou 5 000€ ?

Vous avez raison. Certains comités des fêtes m’ont dit qu’ils payaient toujours 3 800 € l’orchestre. Ils ne se rendent pas compte de ce que coûte un musicien. Le syndicat pourrait tout de même repérer les villes et les orchestres, et faire un tract en avertissant qu’un musicien coûte 120 €, plus les charges, le matériel, etc.

Le SNACOPVA m’a dit qu’il avait alerté 63 Direccte, que seule celle de Toulouse lui avait répondu.

Je propose au syndicat de m’interpeller et c’est avec plaisir que je m’en occuperai dans toute l’Occitanie. Je m’engage à avertir les Direccte de toute l’Occitanie. Il faut empêcher le travail au noir.

Revenons-en au dossier des orchestres de bal. Ils ont dû vous présenter leurs propositions. Qu’en pensez-vous ?

C’est complexe et je n’ai pas eu le temps de me pencher sur les détails des propositions. Il me semble pourtant que leur dossier est bien pensé. Ce qu’il me faut, pour que ça marche, c’est que le syndicat le valide. D’abord, je pense que cela concerne tout autant le ministère de la culture que le ministère du travail : le premier peut nous appuyer mais il faut gagner le second. Il faudrait que je puisse porter leur projet avec le syndicat. Quoi qu’il en soit, je m’engage à leur obtenir un rendez-vous, ou avec la commission culture de l’Assemblée dont je fais partie, ou avec le ministère. Mais le mieux serait que le syndicat soit avec eux. Les politiques, souvent, cela les arrange que les gens se divisent mais nous avons changé de monde et nous ne pouvons plus faire comme cela. Je suis prêt à rencontrer les membres du syndicat, à les recevoir à Paris s’ils le veulent. Je suis à leur disposition. Il faut que nous soyons groupés. C’est ainsi que nous sauverons les fêtes et les orchestres de bal.

Propos recueillis par Matthieu de GUILLEBON

Lire notre enquête en deux parties :

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Photographie de Une – Patrick Vignal, député LREM, le 6 octobre 2016 (DR)



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