On ne reconnaît plus la chanson
Sous l’impulsion d’une jeune génération décomplexée, présente au Printemps de Bourges, le made in France n’a jamais été aussi audacieux, hybride et excitant.
[Écho de la presse]
Emmanuel Macron n’a pas prévu de venir au Printemps de Bourges. Mais Brigitte sera là… Pas de fausse joie, camarades paparazzis, il s’agit du duo Sylvie Hoarau-Aurélie Saada, ainsi dénommé. Dommage pour le promoteur d’une vision « décomplexée » de la francophonie. Dans le Berry, le chef de l’Etat aurait pu découvrir une nouvelle génération d’artistes à la langue (de Molière) bien pendue. Therapie Taxi, Angèle, Aloïse Sauvage, Bagarre, Eddy de Pretto, Oré, Foé et consorts, désinhibent le français tout en faisant du petit bois avec les conventions.
Faut-il les classer dans la chanson, la variété, la pop, l’électro, le rap ? Les intéressés abandonnent à d’autres le rangement ; eux préfèrent laisser leur chambre en bordel. Irrévérencieuse, impudique, créative, leur musique creuse un tel fossé avec celle de leurs aînés qu’on aurait besoin d’une formation de géologue pour analyser le paysage. La France d’Eddy Mitchell devient celle d’Eddy de Pretto. On ne reconnaît plus la chanson. Et c’est tant mieux.
Ne blâmez pas les professeurs d’anglais. Ces chanteurs n’optent pas pour le français parce qu’ils sont nuls en LV1. Ils s’affranchissent de la culture anglo-saxonne, dont ils possèdent les codes, pour embrasser les pleins et les déliés de la voix (Léo) Ferré. « Dans les années 2000, Phoenix a incarné ces groupes qui voulaient être ‘global‘ et partir à la conquête du monde, résume Benjamin Caschera, à la tête du label La Souterraine. Aujourd’hui, on remarque un retour à l’authenticité. On peut comparer ce phénomène à la vague du bio. Il s’agit d’être innovant, de marier au français des styles typiquement anglo-saxons. »
Lire l’article complet de Julien Bordier sur le site du journal l’Express.