« Ma fille » : Ma mère
Vittoria a bientôt dix ans. Elle est l’enfant unique de Tina (Valeria Giolini) qui lui voue une affection étouffante et de Umberto. À quelque distance du petit village portuaire de Sardaigne où la famille est installée vit dans une ferme isolée Angelica (Alba Rohrwacher).
Le deuxième film de Laura Bispuri a des faux airs de tragédie grecque. Unité de temps. Unité de lieu. Unité d’action. Avec une économie de moyens admirable, qui ne vire jamais au minimalisme, la réalisatrice filme à l’os. Son sujet est ténu et se dévoile rapidement : l’écartèlement d’une enfant entre sa mère biologique et sa mère adoptive.
« Ma fille » – un titre aussi simple qu’intelligent – aurait pu aussi bien s’intituler « Ma mère ». La petite Vittoria hésite entre deux modèles : la maman (Tina) et la putain (Angelica). L’opposition pourrait sembler simpliste. Elle ne l’est pas. Car la réalisatrice réussit, sans effet de manches ni dramaturgie inutile, à nous toucher.
Sa réussite doit beaucoup à son trio d’actrices. Valeria Giolino, découverte il y a une trentaine d’années dans « Rain Man », vieillit merveilleusement bien. Alba Rohrwacher, curieux alliage de blondeur germanique et de sensualité méditerranéenne, confirme son talent. Et la jeune Sara Casu évite l’écueil du cabotinage. Une réussite sur toute la ligne.
Laura Bispuri, Ma Fille, Italie – Allemagne – Suisse, 2018, 97min
- Sortie : 27 juin 2018
- Genre : drame
- Classification : tous publics
- Avec Valeria Golino, Alba Rohrwacher, Sara Casu, Udo Kier
- Scénario : Laura Bispuri, Francesca Manieri
- Musique : Nando Di Cosimo
- Distribution : UFO Distribution
En savoir plus sur le film avec CCSF : Ma Fille