Les Chorégies d’Orange menacent de mettre la clef sous le théâtre antique
Les Chorégies d’Orange, le festival d’opéra le plus populaire de France avec ses soirées dans le théâtre antique diffusées à la télévision, pourrait mettre la clé sous la porte faute de financement, selon son directeur Jean-Louis Grinda. Les Chorégies d’Orange sont fragiles depuis plusieurs années. Elles sont autofinancées à plus de 80 %, ce qui est rarissime pour un festival classique.
[avec AFP]
« Nous avons eu un refus définitif ce matin de la Société Générale pour un prêt à court terme de six mois, et les banques refusent aussi de nous prêter à moyen terme pour faire face au déficit cumulé de 1,5 million d’euros », a indiqué Jean-Louis Grinda.
Le festival a connu plusieurs années difficiles, particulièrement en 2013 : d’une part Le Vaisseau fantôme de Wagner avait été boudé par le public, d’autre part le ténor star Roberto Alagna avait annulé un récital. Autant de déconvenues qui ont plombé les comptes.
Un problème financier et structurel
Mais le problème n’est pas seulement conjoncturel : sur le fond, le festival n’est pas suffisamment doté. « Pour couvrir les frais fixes, c’est-à-dire mettre le théâtre en ordre de marche avant même de payer le moindre chanteur ou musicien, il faudrait 400 000 euros de plus », fait valoir M. Grinda.
En d’autres termes, il faudrait que l’État, la région, le département et la ville alignent chacun 100 000 euros supplémentaires. Or les deux premiers ont accru légèrement leur subvention de 40 000 et 50 000 euros, pour un montant respectif de 330 000 et 250 000 euros. Des chiffres importants, mais qui restent insuffisants. Le Festival d’Aix-en-Provence reçoit 8,5 millions d’euros de subvention et nous 900 000″, rappelle Jean-Louis Grinda.
De nombreux projets menacés de suspension…
« La prochaine saison est suspendue à une décision rapide des tutelles », martèle Jean-Louis Grinda. Un conseil d’administration doit se tenir mercredi matin.
Conscient de l’essoufflement de la programmation, Jean-Louis Grinda, nommé en mai 2016, prévoit de faire revenir la danse dans le cadre somptueux du théâtre antique avec les Ballets Béjart (La Flûte enchantée). Côté opéra, il proposera en 2018 le rare Mefistofele de Arrigo Boito, créé en 1868 à la Scala de Milan, et Le Barbier de Séville, œuvre ô combien populaire mais qui n’a jamais été donnée à Orange.
Autant de projets menacés aujourd’hui… « C’est frustrant, d’autant que nous avons engagé d’importantes économies qui vont porter leurs fruits, que le public est au rendez-vous avec une hausse de 22 à 25% des places vendues et qu’un gros renouvellement est engagé pour l’an prochain ».
Crédits de la photographie de Une : Philippe Gromelle