L’économie de la photographie, en chute libre, paie les frais du numérique

L’économie de la photographie, en chute libre, paie les frais du numérique
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Le département des études de la prospective et des statistiques (Deps) du ministère de la culture vient de publier un rapport sur le poids économique de la culture en 2016. Profession Spectacle s’est particulièrement intéressé à la photographie, devenu l’un des secteurs les plus fragiles économiquement.

Reléguée à la dernière place des arts visuels, celle qui fut à l’origine du cinéma et portée aux nues dans la deuxième moitié du XXe siècle, la photographie est la grande perdante de la révolution numérique. C’est du moins ce que met en exergue le rapport sur le poids économique de la culture en 2016. Alors que les arts plastiques et les activités de design ont su se frayer un passage honorable dans l’activité économique de la culture, la photographie rapporte de moins en moins d’argent. À l’heure où l’utilisation des smartphones est à son apogée, la concurrence est rude : la photographie en paie le prix.

En 2016, le secteur de la photographie subit une baisse de croissance de -2,4 %, continuant sa chute débutée en 2003. En quelque treize années, elle enregistre ainsi un taux de décroissance annuel moyen de -7,1 %, tandis que les autres sous-branches des arts visuels sont en hausse significatives, surtout les activités de design (+9,6 % en 2016).

Les indépendants rapportent moins

Les arts visuels représentent 16 % des actifs travaillant dans le secteur culturel, soit 102 171 personnes, dont une moindre part revient aux professionnels de la photographie. Cette baisse du poids économique de la photographie s’explique également par l’augmentation du nombre d’auto-entrepreneurs, puis de celui de micro-entrepreneurs (+4 % depuis 2009), qui génère moins de bénéfices qu’un emploi salarié, car soumis à la concurrence et moins régulier.

La Fédération Nationale de la Photographie comptabilise ainsi 30 000 emplois en 2015, dont 17 000 micro-entrepreneurs (+23 % qu’en 2013) pour seulement 6 000 salariés et 7 000 artisans. En 2009, la branche comptait encore 13 800 salariés contre 7 500 en 2013.

En plus de la crise du secteur, liée notamment à l’émergence du numérique et des smartphones à la portée de tous, le basculement du statut de salarié à celui de micro-entrepreneurs semble donc en partie la raison de la baisse significative du poids économique de la photographie dans l’économie de la culture.

Un statut professionnel difficile d’accès

Il est à noter que la baisse significative du poids financier de la photographie s’explique aussi par le fait qu’il soit difficile d’avoir des chiffres complets. En effet, contrairement aux autres professions du secteur des arts visuels, le statut de photographe professionnel s’acquiert une fois les 8 000 euros de chiffres d’affaire annuels franchis.

Compte tenu de la crise et de la baisse des tarifs proposés aux photographes (ex : entre 0,20 € et 50 € la photographie vendue en presse), le seuil des 8 000 euros est difficile à atteindre pour nombre de photographes qui ne peuvent plus bénéficier de leur accréditation professionnelle. Et ceux-là ne bénéficient d’aucune aide de l’État, à l’instar d’autres secteurs de la culture.

En dépit de la crise économique globale, débutée en 2008, cette baisse liée au secteur de la photographie pointe du doigt un problème d’adaptation du milieu et de son fonctionnement professionnel. L’éclatement des professionnels, qui travaillent de plus en plus à leur compte, est en train de menacer sa place dans l’économie autant que sa reconnaissance.

Louise ALMÉRAS



 

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