Le Train Bleu : art et mouvement, de Martigues à Marseille

Le Train Bleu : art et mouvement, de Martigues à Marseille
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Nous vivons une époque de mobilité dans tous les domaines, c’est entendu. Mieux vaut prendre le train en marche que de protester contre son existence. C’est ce que semble penser Gilles Bouckaert, directeur du théâtre des Salins, scène nationale à Martigues, qui est à l’origine de l’itinéraire côtier artistique et culturel du Train Bleu, qui se déroulera pour la troisième année du 31 mars au 9 avril 2017.

L’homme, qui est né à Dunkerque, a travaillé pendant douze ans à la scène nationale de Maubeuge, puis dirigé les projets artistiques de la scène nationale de Créteil avant d’arriver dans les Bouches-du-Rhône, à Martigues qu’il ne connaissait pas. Il n’est donc pas étonnant que soit née de son esprit l’idée d’un parcours artistique le long de la belle bleue.

« Il n’est pas encore vraiment dans l’habitude des gens de se déplacer pour des loisirs ou assister à des spectacles. A Martigues, notamment, il ne se trouve pas de moyen de transport en commun pour rentrer le soir après un spectacle », explique Gilles Bouckaert. D’où l’idée de modifier l’usage habituel des transports en commun (utilisés principalement pour se rendre au travail), afin de mêler tourisme, transport et culture.

Un événement plus qu’un festival

« Le Train Bleu, ce n’est pas un festival, insiste le directeur du théâtre des Salins. Il n’y a pas de direction artistique. Bien sûr, nous discutons ensemble et chacun présente son programme avant. Mais chacun a sa programmation propre et nous nous occupons seulement d’y mener les spectateurs. L’objectif est de leur faire découvrir d’autres lieux de spectacle que leurs lieux habituels. De les faire sortir des théâtres, même. De leur faire découvrir des créations artistiques dans des trains ou dans les calanques. » De les faire sortir de chez eux, en un mot. Tout au moins, de leur en donner la possibilité.

Gilles Bouckaert note un véritable engouement de la part du public pour cet événement qui se tiendra pour la troisième année consécutive. « Il y avait une inquiétude la première année, car il s’agissait de décloisonner. Mais les gens se laissent mener. Ils se prennent au jeu car la prise en charge est complète. Ils acceptent cette mobilité, nous organisons tout. Il leur faut simplement s’inscrire ; de notre côté, nous avons tout préparé, tout organisé. »

Une manifestation artistique unique et aux acteurs locaux engagés

En effet, avec l’aide de la SNCF et du conseil régional, le coût des transports est abaissé pour l’occasion. Le réseau Ulysse, autour de l’Etang de Berre, devient même gratuit. Quant au réseau Cartreize et à RTM, ils proposent des tarifs à 2 € dans des bus dédiés.

« Cela n’a pas été simple, au départ, reconnaît Gilles Bouckaert. Le plus difficile, dans cette entreprise, a été la coordination avec les transports. Nous avions du mal à nous comprendre. Surtout la première année. Il a déjà été difficile d’obtenir un rendez-vous avec les réseaux de transport. Ils ne voyaient pas quel rapport ils pouvaient avoir avec une manifestation artistique. C’était nouveau. Je ne vois pas d’autre événement de ce type en France. Il a fallu mettre en lien les différentes personnes. »

Un événement local pour brasser les populations

Relier les personnes, les espaces, les théâtres de la Côte, les publics, c’est ce que souhaitait Gilles Bouckaert. La dynamique est équivoque. Tout se doit d’être en mouvement. Il faut sortir de chez soi ; délocaliser les compagnies. Brasser les populations. C’est aussi ce que souhaite faire MP 2018, dans le prolongement de MP 2013 capitale européenne de la culture. L’étude d’Olivier Gergaud, Victor Ginsburgh et Yann Nicolas, qui s’appuie sur les données de Google Trends, montre que les populations ne se déplacent pas loin de chez elles pour assister à des festivals, même de grande envergure comme celui d’Avignon ou le festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence. Ce qui tombe bien, puisque le Train Bleu est un événement local, qui ne sort pas des frontières du département des Bouches-du-Rhône.

Il est toutefois difficile de savoir combien de personnes entraîne dans son sillage le Train Bleu. « Le nombre des spectateurs dépend des éditions, explique Gilles Bouckaert. C’est très aléatoire. Mais c’est toujours complet. »

Reste l’essentiel, pour que les spectateurs se déplacent : le spectacle sera-t-il au rendez-vous ? Pour le savoir, rendez-vous à partir du 31 mars.

Matthieu de GUILLEBON

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