Le streaming au secours du marché de la musique enregistrée ?

Le streaming au secours du marché de la musique enregistrée ?
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Le dynamisme de la production française et l’essor continu du streaming sont les moteurs des bonnes performances du marché de la musique enregistrée au premier semestre 2019. Mais l’érosion des ventes physiques se poursuit et la croissance du marché profite essentiellement aux majors.

Le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) vient de publier les résultats du premier semestre 2019 du marché de la musique enregistrée et se félicite de la vitalité de la production musicale et du succès des artistes français, qui s’approprient 18 des 20 meilleures ventes des 6 premiers mois de l’année.

Les performances des jeunes talents français sont certes remarquables puisque 20 % des meilleures ventes du semestre sont des premiers albums produits en France. Ces scores ne sont pas un épiphénomène, mais une tendance forte dans la durée : au cours des 5 dernières années, 17 à 19 productions françaises ont figuré systématiquement dans les 20 meilleures ventes annuelles d’albums.

Un marché en croissance, porté par le streaming…

Avec un chiffre d’affaires de 277 M€, le marché français de la musique enregistrée affiche une croissance significative de 12,7 % pour les 6 premiers mois de l’année. C’est un résultat encourageant qu’il faut néanmoins appréhender avec prudence, cette période ne représentant en moyenne pas plus de 40 % du marché annuel.

Marché musique enregistrée 2019

En hausse de 23 %, le digital réalise désormais plus des deux-tiers des revenus, contre 60 % seulement au premier semestre 2018. En progression de 28,3 % par rapport au premier semestre 2018, le chiffre d’affaires du streaming porte la dynamique de ce marché, et représente 175,3 millions d’euros, soit 93 % des revenus numériques (89 % au premier semestre 2018).

Alexandre Lasch, directeur général du SNEP, déclare que : « Les abonnements streaming audio sont désormais la source majeure de la création de valeur de notre marché. Pour autant, la France compte encore moins de 6 millions d’abonnés et la marge de progression reste considérable pour transformer ce début de croissance retrouvée en un modèle pérenne. »

… mais des performances en trompe l’œil 

Lorsque l’on parle du digital, il faut bien distinguer aujourd’hui le téléchargement (légal) du streaming. Alors que le streaming affiche sa bonne santé, les résultats du premier semestre 2019 du marché de la musique enregistrée montrent que les ventes de téléchargements se réduisent désormais à la portion congrue. Elles ne représentent plus en effet que 5 % des ventes, contre 7 % pour le premier semestre 2018.

Ces chiffres attestent des nouvelles habitudes du marché et tendent à montrer que l’on consomme aujourd’hui de la musique comme on va manger au fast-food : on écoute, on jette et on passe à autre chose.

Mais pourquoi pas après tout, si tout le monde s’y retrouve, y compris les artistes ? Justement, c’est là où le bas blesse. Le streaming profite surtout aux musiques d’un abord facile, à celles qui font le buzz, mais bien peu aux productions un peu plus confidentielles, ambitieuses, originales ou indépendantes. Autant les labels et les artistes peuvent s’y retrouver financièrement en commercialisant des albums en téléchargement, autant le streaming ne leur rapporte quasiment rien*… au contraire des majors qui, grâce à leur puissance financière, ont su négocier des royalties confortables avec les plates-formes numériques.

Reste donc le CD physique.

Structure vente musique enregistrée 2019

Pour le SNEP, les ventes physiques se stabilisent et représentent près d’un tiers du chiffre d’affaires, grâce à un réseau de distribution unique de plus de 4 000 points de vente et un attachement incontestable des consommateurs français au support. Cette vision très optimiste est pourtant contredite par les chiffres publiés puisque l’on est passé de 37 % du marché au premier semestre 2018 à 32 % seulement au premier trimestre 2019. Quant aux 4 000 points de vente annoncés, la réalité est que les linéaires de vente consacrés au disque se réduisent comme peau de chagrin : tous ceux qui fréquentent la FNAC, par exemple, depuis des années peuvent en témoigner. La fermeture de nombreux magasins Harmonia Mundi il y a quelque temps confirme le problème.

Le marché est donc hétérogène et éclaté. Et l’on ne parle ici que de variété, urbain, rock-pop, électro-dance. La musique classique est soigneusement ignorée. Marché désormais de niche, elle est bien peu concernée par « les bonnes performances du marché de la musique enregistrée ».

Marc de RIEVAULX

* Il faut savoir que l’écoute d’un morceau rapporte en moyenne entre 0,00000000009 et 0,01 euro selon les cas et les plateformes pour un label indépendant, ce qui n’est évidemment pas viable.



 

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