« Le Goût du riz au thé vert » : oser Ozu
Mokichi et Taeko Satake ont fait un mariage de raison. Taeko n’en est pas satisfaite. La vulgarité de son mari, ses manières frustres lui sont de plus en plus insupportables. Elles s’en ouvrent sans vergogne à ses amies et s’échappe avec elles au prix de quelques mensonges. Le couple est au bord de la rupture. La mutation de Mokichi en Amerique latine risque de l’accélérer.
Une rétrospective estivale est consacrée à Ozu à parti du 1er août dans plusieurs salles d’art et essai parisiennes : le Champo, le Louxor, le Lincoln. C’est l’occasion de (re)découvrir dix de ses chefs-d’œuvre qui documentent la reconstruction du Japon d’après guerre et la lente recomposition de la société.
« Le Goût du riz au thé vert » est sorti en 1952. Le souvenir de la seconde guerre mondiale n’est jamais loin comme en temoigne cet ancien soldat reconverti en patron de pachinko que retrouve Mokichi et son filleul. Mais le Japon est obstinément optimiste qui affiche déjà tous les symboles de la modernité : Ozu filme un velodrome, un stade de base ball, une locomotive filant à pleine vitesse, un aerodrome comme autant de temoignages de la prospérité retrouvée.
Mais l’œuvre de Ozu ne se réduit pas à une ode au miracle économique japonais. C’est la dissolution du lien familial qui l’intéresse. Ses films les plus connus traitent des liens entre parents et enfants : « Le Fils unique », « Voyage à Tokyo », « Fleurs d’équinoxe », « Le Goût du saké »… Après « Les Sœurs Munakata » et avant « Printemps précoce », « Le Goût du riz au thé vert » traite du couple.
Le sujet était à la mode – il l’est toujours. Il a inspiré quelques chefs d’œuvre du septième art : les screwball comedies du duo Katherine Hepburn – Spencer Tracy ou « Voyage en Italie » de Rossellini. Mais Ozu n’a ni la légèreté des premières ni la gravité du second.
Sur le thème du couple, il tisse à sa façon une histoire d’une infinie tendresse qui culmine dans une séquence devenue célèbre. À la nuit tombée, dans leur grand appartement vidé de sa domesticité, le couple, qui n’en a guère l’habitude, se fraie un chemin jusqu’aux cuisines et s’y prépare un plat de riz au thé vert. Cette scène anodine signe leurs retrouvailles et donne son sens au film – au risque de le faire sombrer dans le didactisme : « un couple a le goût du riz au thé vert » tantôt doux, tantôt amer.
Yasujirô Ozu, Le Goût du riz au thé vert, Japon, 1952, 105min
- Ressortie : 01/08/2018
- Genre : Drame
- Classification : Tous publics
- Avec Shin Saburi, Michiyo Kogure, Koji Tsuruta, Kuniko Miyake, Chishû Ryû, Eijiro Yanagi
- Distribution : Carlotta Films
En savoir plus sur le film avec CCSF : Le Goût du riz au thé vert