Le genou : pivot fonctionnel du membre inférieur
Un intermédiaire complexe pour optimiser les mouvements
Le genou est une articulation sollicitée dans tous les mouvements, mais, également dans les situations statiques telle que la position assise. Lors du port de charge (décors, instrument, danseur, …), la contrainte sur l’articulation est augmentée. Dès lors, tous les artistes peuvent être confrontés à des douleurs du genou qui sont plus souvent liées à une sursollicitation qu’à un traumatisme.
Le genou comprend la jonction entre le haut du tibia et le bas du fémur ainsi qu’en avant de la rotule. Etant donné que l’emboitement des os est faible, la stabilité est assurée surtout grâce aux ligaments et aux muscles. C’est une articulation complexe et intermédiaire du membre inférieur, qui a la particularité de transmettre les charges gravitaires du corps, étant en rapport avec l’appui sur le sol par l’intermédiaire du pied. La contrainte peut être quasi-statique (musicien jouant debout) ou dynamique (sauts). Lors de la marche, le genou supporte alternativement l’ensemble du poids du corps lorsque l’artiste est sur 1 pied, et la moitié du corps lorsque l’appui est équilibré sur les 2 pieds. Le genou est à l’origine des mouvements de flexion-extension, mais aussi de rotations.
Pathologie fonctionnelle
La rotule est un petit os indépendant qui se situe dans le tendon du quadriceps. Lors de la flexion du genou, elle est plaquée sur la partie inférieure du fémur et participe à l’optimisation du travail de ce muscle. Le syndrome fémoro-patellaire est une pathologie fonctionnelle qui apparaît en dehors de tout contexte traumatique brutal. Dans cette situation, des douleurs antérieures du genou apparaissent lors des mouvements de flexion (réception d’un saut, position assise prolongée, montée d’une marche, …). Elles sont secondaires à des troubles du positionnement de la rotule sur le fémur.
Facteurs favorisant les douleurs
Les facteurs à l’origine de cette pathologie sont : la déviation en dedans du membre inférieur (genou valgum), une déformation des os de l’articulation (rotule et fémur) ainsi qu’un déséquilibre musculaire. En effet, un muscle trop fort et/ou trop raide peut induire une modification de la position de la rotule lors de la flexion du genou et favoriser la pathologie. La contrainte est alors moins bien répartie sur l’articulation et induit progressivement une usure du cartilage. Par exemple, lorsque les muscles adducteurs de hanche sont raides, le fémur a tendance à être plus oblique ce qui augmente la pression à l’extérieur du genou et favorise le valgum. Au niveau du quadriceps, une faiblesse de la partie interne du muscle induit également une mauvaise position de la rotule.
Particularités chez les danseurs
Chez le danseur, le syndrome fémoro-patellaire représente la cause principale des consultations médicales au niveau du genou. La pratique de la danse induit des déséquilibres musculaires qu’il faut associer à des amplitudes extrêmes des mouvements et à une raideur de certains muscles rarement étirés. Ainsi, le quadriceps est souvent raide ce qui augmente le plaquage de la rotule sur le fémur lors de la flexion du genou. Pour le mouvement de l’en-dehors, si la rotation externe de l’articulation de la hanche est insuffisante, le genou sera sollicité en rotation externe pour compenser. L’en-dehors implique également une sollicitation des muscles rotateurs externes du tibia et des muscles latéraux de la cuisse au détriment des autres muscles. Cela implique à long terme un déséquilibre musculaire induisant des perturbations de positionnement de la rotule lors de la flexion du genou.
Prévention
Pour éviter le syndrome fémoro-patellaire, il est nécessaire de respecter au maximum un fonctionnement physiologique du genou en lui assurant une stabilité par un travail musculaire, mais, aussi une souplesse pour limiter les contraintes. Dès lors, parallèlement à la pratique artistique, un travail de renforcement du quadriceps et des ischios-jambiers peut être réalisé. L’artiste devra veiller à étirer le quadriceps et les adducteurs pour limiter les troubles positionnels du genou. En complément, une analyse des mouvements habituels de l’artiste peut amener des corrections gestuelles favorisant la bonne mécanique du genou. Par exemple, pour le travail de l’en-dehors, il faut bien vérifier que chaque segment participe au mouvement afin d’éviter la rotation excessive du genou.