“Le Chant du loup” d’Antonin Baudry / Abel Lanzac : premier film de sous-marin français réussi
Chanteraide (François Civil) est analyste en guerre acoustique. À bord d’un sous-marin, sans hublot ni caméra, il est « oreille d’or » chargé d’identifier par les seuls bruits qu’elles émettent les menaces et les cibles.
Au large de la Syrie, dans une mission à haut risque de récupération de nageurs de combats, Chanteraide, embarqué à bord du Titane, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), commet une erreur de classification qui manque bien tuer l’ensemble de l’équipage sauvé par la bravoure de son commandant (Reda Kateb).
Rappelé à Brest, Chanteraide réussit non sans mal à identifier la trace acoustique qui l’avait égaré. Mais la situation géopolitique se tend. La Russie se fait de plus en plus menaçante. Agissant sur ordre de l’Élysée, l’amiral commandant la force océanique stratégique (Mathieu Kassovitz) ordonne l’appareillage de L’Effroyable, un des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engin.
Quasiment aucun film de sous-marin n’a été tourné en France. Si la référence absolue est allemande (Das Boot, 1981), le genre est presque exclusivement hollywoodien : À la poursuite d’Octobre rouge (1990), USS Alabama (1995), K-19 : le piège des profondeurs (2002) — signé par Kathryn Bigelow avant qu’elle reçoive une pluie d’Oscars pour Démineurs et Zero Dark Thirty — ou le plus récent Kursk.
Non sans panache, le nouveau venu Antonin Baudry — qui tira de son passage au cabinet de Dominique de Villepin le désopilant Quai d’Orsay — relève le défi grâce à la confiance de Jérôme Seydoux. Il a le culot de confier le premier rôle à un quasi inconnu, François Civil, remarqué dans le très oubliable Burn out, et de l’entourer d’une palette de stars : Omar Sy, Reda Kateb (dont la présence aux commandes d’un SNLE et d’un SNA démontre au passage que la Marine nationale n’est pas raciste) et Mathieu Kassovitz, qui semble tout droit sorti d’un épisode du Bureau des Légendes.
Le Chant du loup — qui tire son titre du bruit émis par le sonar ennemi — est tout entier tendu vers l’action. Il comporte ni plus ni moins deux scènes entre lesquelles s’intercalent une escale à terre et une inutile histoire d’amour entre Chanteraide et une jolie libraire (Paula Beer).
Le scénario a son lot de rebondissements peu crédibles. Sa clé se dévoile au milieu du film en deux phrases. Mais ces défauts n’entament pas le plaisir que l’on prend à cette plongée immersive dans l’atmosphère confinée de ces deux sous-marins. Les hommes — car le scénario n’a pas intégré la récente féminisation des équipages des SNLE — y vivent dans une exiguïté qui encourage la camaraderie mais y respectent une stricte hiérarchie. Ils mettent en œuvre des procédures éprouvées. Pré-apocalyptique et hyper-réaliste à la fois, Le Chant du loup est un pari réussi.
Abel Lanzac (alias Antonin Baudry), Le chant du loup, France, 2019, 115mn
Sortie : 20 février 2019
Genre : thriller
Classification : tous publics
Avec François Civil, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz, Omar Sy, Paula Beer, Etienne Guillou-Kervern, Nicolas van Beveren, Arthur Choisnet, Sylvain Loreau
Photographie : Pierre Cottereau
Musique : Tomandandy
Distribution : Pathé distribution
En savoir plus sur le film avec CCSF : Le chant du loup
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