Le CASC-SVP : structure fantôme ou initiative qui peine à sortir de sa coquille ?
Lancé il y a un an, le Comité d’action sociale et culturelle du spectacle vivant privé (CASC-SVP) a commencé à proposer des offres aux salariés qui en bénéficient. Gérée de façon bénévole et entravée par la crise du coronavirus, la structure n’a pas tenu ses promesses mais dit vouloir se remettre sur les rails pour 2021.
Le CASC-SVP a été lancé il y a un an. Petit frère du FNAS, ou son parent pauvre, son objectif consiste à offrir aux acteurs de la profession les avantages d’un comité d’entreprise. Y ont droit les intermittents du spectacle et salariés des entreprises du spectacle vivant privé qui ont effectué quarante heures de travail ou qui ont obtenu huit cachets.
Un lancement problématique
« Les employeurs sont identifiés par Audiens, sur la base des fichiers retraites, détaille Laurent Richard, le secrétaire du CASC-SVP. L’organisme les contacte ensuite et récolte les cotisations. » Les salariés qui y ont droit reçoivent quant à eux un courriel leur permettant – en principe – de se connecter à un site géré par un prestataire de service via l’ANCAV (Association nationale de coordination des activités de vacances des comités d’entreprise) et qui propose des offres de billetterie et de séjours vacances. Ils sont quelque soixante-sept mille salariés à pouvoir en bénéficier.
Ce comité avait été pensé dès la signature de la convention collective du spectacle vivant privé en 2012 mais avait mis du temps à voir le jour. Une fois le projet lancé, des interrogations sur son objectif et sur ce qu’il y a derrière ont toutefois émergé. De nombreux dysfonctionnements ont été relevés lors des inscriptions en ligne et des ayants droit n’ont pas réussi à créer de compte.
Des utilisateurs dénoncent une structure fantôme et des offres inexistantes, des compagnies se sont retrouvées à payer deux fois la cotisation, certains soupçonnent même une escroquerie… Le site du CASC-SVP n’indique pas de numéro de téléphone et les adresses électroniques affichées ne semblent pas permettre de contacter qui que ce soit. Profession Spectacle a ainsi essayé de les utiliser, en vain, même après avoir discuté du problème avec les responsables.
Recrutement d’un chargé de mission
L’équipe du CASC-SVP explique ces différentes anomalies de plusieurs façons. Tout d’abord, le comité fonctionne comme un comité d’entreprise de branche. Géré par une équipe de bénévoles, il comprend un conseil de gestion qui compte neuf élus, tandis qu’une assemblée générale siège une fois par an.
Laurent Richard reconnaît que le site a été compliqué à mettre en place. « Il est en cours d’amélioration et de consolidation, assure-t-il. C’est l’ANCAV qui a géré le site. Nous avons été assez mécontents au comité de gestion mais c’est en cours de restructuration. Nous sommes d’ailleurs en train de recruter un chargé de mission pour optimiser tout cela, ce sera un vrai poste salarié. Nous devons aussi créer une foire aux questions pour apporter des clarifications sur l’utilisation du site. »
Quant aux problèmes de connexion et de création de compte, il les explique par des raisons techniques. « Les ayants droit sont contactés par le biais du fichier Audiens, chargé de récupérer les cotisations auprès de quelque neuf mille entreprises. Mais parfois, les salariés donnent des faux mails ou il y a des erreurs. Certaines personnes utilisent aussi l’adresse d’une boîte commune. Si d’autres personnes veulent se connecter par le biais de cette adresse, elles ne pourront pas le faire. » Et une fois l’erreur commise, il faut contacter le CASC pour permettre la création d’un nouveau compte ; mais comme le CASC n’est pour l’instant que très difficilement joignable…
Impact de la crise sanitaire
L’équipe assure tout de même que seize mille ayants droit ont créé un compte et que quelques personnes ont déjà pu bénéficier de certaines offres. « Une plate-forme d’offres accessibles a été ouverte sous une version beta en novembre 2019, explique Lucie Sorin, la présidente du CASC-SVP et membre de la CGT-Spectacle. Des offres ont été mises en place de façon progressive à la fin décembre, en janvier et jusqu’à février. »
Mais à partir de mars, tout a été perturbé par la crise du coronavirus. « Au moment de finaliser le catalogue pour le printemps et pour l’été, le confinement est arrivé et tout a été remis en cause », déplore-t-elle. Le problème a été le même à l’occasion du nouveau confinement. Néanmoins, certaines offres restent disponibles sur le site. Il propose une billetterie, une offre culturelle avec des places de cinéma, des billets pour des parcs d’attractions ainsi que des locations dans des villages vacances ou encore des séjours pour enfants.
La plate-forme présente encore quelques dysfonctionnements dus, selon Lucie Sorin, à des manœuvres sur les offres, comme des retraits ou des ajouts. L’équipe assure que de nouvelles offres sont toujours en train d’être discutées.
Nombre de points insuffisant
La nouvelle période de recouvrement de la cotisation du CASC-SVP, quant à elle, est en cours. Elle s’élève à 0,25 % de la masse salariale brute payée en 2019, avec un plancher de cinquante euros par entreprise – ce qui est critiqué par les petites structures qui ont déjà beaucoup souffert de la crise sanitaire. « Les employeurs doivent se retourner vers leur syndicale, indique Laurent Richard. Il faut voir les problèmes avec les représentants. »
Le CASC-SVP devrait profiter de cette occasion pour communiquer de nouveau auprès des ayants droit et faire connaître le service. Du côté des salariés comme des compagnies et autres entreprises du spectacle vivant, les assemblées générales et les bilans financiers devraient par ailleurs permettre de remettre sur la table le pourquoi de cette cotisation.
Il n’a pas été possible d’obtenir plus d’information sur le montant des cotisations perçues l’année dernière, ni sur le détail de leur utilisation. « Ces chiffres devraient être communiqués à l’occasion des CPPMI [Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation, NDLR] et des échanges entre employeurs et syndicats », assure Laurent Richard. Il devrait aussi être décidé du report des droits des salariés à l’année 2021. Mais même en cas de report des droits et de mises à jour du fonctionnement du site, il n’en reste pas moins que pour les salariés de petites structures, le nombre de points acquis n’est pas suffisant pour profiter des offres.
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