Laurent Hilaire, un Français à la tête du ballet Stanislavski
Le nouveau directeur artistique du ballet du Théâtre Stanislavski à Moscou, le Français Laurent Hilaire, entend faire évoluer en douceur cette troupe, l’une des trois plus célèbres en Russie avec le Bolchoï et le Mariinski.
[AFP]
« J’arrive dans un théâtre qui est une institution. C’est une maison d’opéra et de ballet, avec une histoire, une culture, une tradition. Le but n’est pas de faire une révolution, de tout changer. Le but est d’ouvrir le répertoire de cette compagnie », explique dans une interview à l’AFP l’ancien danseur étoile de l’Opéra de Paris nommé en janvier au Stanislavski.
Rares sont les étrangers qui ont occupé des fonctions similaires dans le monde de la danse en Russie. Le passage de l’Espagnol Nacho Duato à la direction du ballet du Théâtre Mikhaïlovski à Saint-Pétersbourg de 2011 à 2014 a laissé un souvenir mitigé aux critiques et aux amateurs de ballet.
« On peut apporter d’autres œuvres pour permettre à ces danseurs de s’enrichir d’autres styles, d’une autre technique, d’une autre approche des chorégraphies contemporaines, poursuit-il. Plus un danseur apprend à connaître son corps et à savoir aborder des styles différents, mieux il est dans les grands ballets classiques, mieux il est dans un ballet contemporain ».
Dans le même temps, Laurent Hilaire souligne son attachement aux ballets du grand chorégraphe Vladimir Bourmeister, créés au Stanislavski dans les années 1960 : « Il n’est pas question de toucher à ça. C’est l’histoire de ce théâtre, il faut garder ce répertoire, c’est important de préserver les racines d’un théâtre ».
Laurent Hilaire, une ancienne étoile nommée par Noureev
Clin d’œil de l’Histoire, c’est à l’issue d’une représentation du Lac des Cygnes dans la version de Bourmeister, où il interprétait le rôle de Siegfried sur la scène de l’Opéra de Paris, que Laurent Hilaire, alors âgé de 22 ans, avait été nommé danseur étoile en 1985 par Rudolf Noureev.
Pour sa première programmation en juillet prochain sur la scène du Stanislavski, l’ancien maitre de ballet à l’Opéra de Paris a prévu Suite en blanc de Serge Lifar, The second detail de William Forsythe et Petite mort de Jiri Kylian. « Je voulais pour cette première soirée prendre trois pièces emblématiques, représentatives à mes yeux de ce que je veux proposer à la compagnie ».
Laurent Hilaire, 54 ans, qui a un contrat de cinq ans avec le Stanislavski, se félicite de sa nouvelle troupe de 120 danseurs « qui a une danse très physique, très engagée, très généreuse, avec des personnalités qui souhaitent évoluer ».
« Je n’aurais pas imaginé être un jour directeur artistique d’un théâtre comme le Stanislavski. Les choses se sont faites peut-être avec un peu d’inconscience de ma part d’ailleurs, mais très naturellement », confie-t-il en souriant.
Sur les traces de Petipa
« J’ai passé beaucoup d’années à l’Opéra, à Paris, je suis issu de l’Opéra de Paris, et en même temps j’ai beaucoup travaillé à l’étranger que ce soit en Angleterre, aux États-Unis, en Russie… Cette expérience que j’ai acquise, j’ai évidemment envie de la transmettre », souligne-t-il.
Malgré une arrivée en plein hiver, avec des températures de -30 degrés, Laurent Hilaire dit apprécier sa vie à Moscou. Accompagné pour l’instant d’une interprète pour faciliter les échanges avec ses danseurs et danseuses, il espère pouvoir à terme parler russe avec sa troupe.
Il est le premier Français à diriger une troupe de ballet en Russie, près de 150 ans après son illustre prédécesseur, le chorégraphe Marius Petipa, figure majeure de la danse au XIXe siècle, qui avait débuté en 1847 comme danseur du Ballet impérial à Saint-Pétersbourg avant d’en devenir le maitre de ballet puis le directeur en 1868.
Source : AFP.
Photo de Une – Laurent Hilaire. PC: TASS/Mitya Aleshkovsky Archive