Cinéma – L’animation audiovisuelle française en plein boom
Le CNC a rendu publics les résultats du marché de l’animation audiovisuelle pour 2016. En bref ? Tous les chiffres augmentent ! Volume d’heures, investissements financiers, nombre de films réalisés… Si les productions françaises restent encore loin derrière celles américaines en matière d’audience, elles se défendent mieux que leurs petites copines européennes et sont toujours plus appréciées du public étranger. Synthèse.
Un envol général
Au jeu du « qui a les meilleurs chiffres toutes catégories confondues ? » pour 2016, le marché de l’animation audiovisuelle se tient en bonne position. Le rapport sur le secteur, publié début juin par le CNC, rend compte, en effet, de sa belle avancée. En une décennie, le volume d’heures produit a augmenté de 36,1 %. Tous les formats bénéficient de cette progression, mais le grand gagnant reste celui des séries de 11-13 minutes, qui affichent une poussée de 58 heures.
Même envol pour la question financière. Entre 2015 et 2016, les devis ont augmenté de 41,7 %, atteignant plus de 256 millions d’euros l’année dernière. Les films d’animation chiffrent d’ailleurs des devis près de deux fois supérieurs à l’ensemble de la production française agréée de 2016.
Cette manne résulte d’une augmentation générale de l’investissement. Elle concerne les télévisions (41,9 %) comme les financements étrangers (+ 32,9 %), qui représentent 43,8 % de l’investissement l’année dernière. Pour sa part, le CNC a lui aussi cassé la tirelire pour apporter la coquette somme de 59,3 millions d’euros (+ 68,6 %), un niveau jamais atteint. L’argent appelant l’argent, cet enthousiasme global se répercute sur le type de production financé : celles qui dépassent les 700 000 euros par heure progressent pour atteindre 40,6 % de l’offre, contre 12,3 % en 2007.
En salle, un pic de fréquentation
C’est bien connu, les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules : le CNC observe aussi une relocalisation de l’activité et des dépenses – ceci expliquant peut-être cela. Ce fait résulte de la réforme du soutien à l’animation et des effets du crédit d’impôt, selon l’institution. Par rapport à 2015, la mesure prise sous le gouvernement Ayrault a eu pour conséquence un doublement des dépenses consacrées au secteur en France, soit 167 millions d’euros supplémentaires. En un an, les professionnels de l’animation ont, quant à eux, produit 134 heures de plus et 6 films supplémentaires. Quinze nouvelles séries ont également été diffusées sur les chaînes nationales l’année dernière.
Et tout ce travail n’a pas été effectué en vain ! Les films d’animation sortis en salles ont généré plus de 204 millions d’euros de recette et réalisé 34 millions d’entrées. Ce taux de fréquentation est le plus haut enregistré depuis 10 ans au moins. Quant au petit écran, il propose une animation audiovisuelle à 50,5 % française. Ce sont les chaînes TNT/TNT HD qui s’offre la part du lion (74 %), contre seulement 26 % pour les chaînes historiques. L’étude du CNC observe néanmoins une poussée sur France 5, Canal+ et M6. Les tout-petits et les 10-14 ans incarnent le public le plus friand de cette production diffusée sur petit écran.
Succès des films français à l’étranger
Tous ces bons chiffres étant annoncés, notons tout de même que l’animation française, avec ses 2,8 millions d’entrées, reste un lilliputien face au mastodonte américain (30,1 millions). À moins qu’il ne s’agisse d’un David préparant peu à peu, année après année, ses armes face à Goliath ? Mais en attendant, les films de l’Oncle Sam comptabilisent 88,6 % des entrées, contre 8,4 % pour ceux français. Ce résultat reste cependant supérieur au 1,8 % enregistré pour les autres longs-métrages européens.
Les Français ont d’ailleurs tout intérêt à s’accrocher, car le secteur rayonne à l’international. Il s’agit du premier genre audiovisuel à l’exportation ; le public étranger apprécie de plus en plus les productions nationales. Les deux tiers de la fréquentation des films français en 2016 sont en effet réalisés hors des frontières de l’Hexagone et le secteur peut s’enorgueillir de représenter près du tiers des ventes de programmes audiovisuels français en 2015.
Chloé GOUDENHOOFT
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EN BREF – Un milieu toujours jeune et masculin
En 2015, 5 500 professionnels travaillent dans l’animation audiovisuelle, ce qui représente une augmentation de 1 000 emplois en 10 ans. Quatre sur cinq d’entre eux ont le statut d’intermittent. Concernant l’égalité des sexes, il semble que les clichés ont la vie dure… Côté technicien, le milieu reste majoritairement jeune (73 % ont moins de 40 ans) et masculin (69 %). En revanche, les femmes se positionnent de plus en plus sur les postes permanents… mais il ne représente que 16 % des effectifs de l’animation audiovisuelle pour cette même année.