La colère monte en Picardie : les syndicats marchent contre Pôle Emploi

La colère monte en Picardie : les syndicats marchent contre Pôle Emploi
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La situation est de plus en plus tendue en Picardie, entre Pôle Emploi et les demandeurs d’emploi (dont les intermittents). Tout récemment, l’un d’entre eux a tenté de « défoncer » la porte avec sa voiture pour être reçu dans l’agence de Clermont. La situation dégénère progressivement, sans que le dialogue social soit renoué. Face à cette situation de crise, la CGT et la SNU appellent de nouveau à manifester ce jeudi 22 octobre.

Le site de Pôle Emploi Picardie annonce : «À compter du 12 octobre 2015, l’accueil de Pôle emploi Picardie évolue pour vous proposer plus de services personnalisés et un accès plus direct à votre conseiller. » La recette miracle ? La numérisation, encore et toujours…

Pôle Emploi ou l’art de mettre les indésirables à la porte

La Picardie est l’une des quatre régions qui testent le nouveau dispositif fermant les agences au public tous les après-midi : ce créneau est dorénavant réservé, de manière exclusive, aux demandeurs d’emploi avec des rendez-vous programmés. L’enjeu est d’éviter les insupportables files d’attente et d’accroître l’efficacité  un des dogmes de notre société ultra-libérale  du suivi.

Si certains s’y retrouvent, d’autres dénoncent le subterfuge, tel le délégué régional CGT de Pôle emploi : « Ces transformations, décidées contre l’avis majoritaire des syndicats, vont dégrader la qualité du service. C’est une façon de masquer le manque de personnel. Le chômage explose. La tendance devrait être à une plus grande ouverture, et non le contraire. »

Selon un communiqué relayé par le site de veille Recours Radiation, voici une liste de faits déplorés :

  • 100 demandeurs d’emploi refoulés en un après-midi sur un site d’Amiens ;
  • Des insultes qui se multiplient dans les agences ;
  • Un demandeur d’emploi qui force l’entrée quand on accompagne un autre demandeur vers la sortie ;
  • Un demandeur d’emploi qui tente de « défoncer » la porte avec sa voiture pour être reçu dans l’agence de Clermont ;
  • Un demandeur d’emploi en larmes car elle n’a pas les moyens d’avoir internet ;
  • Un agent en détresse en prenant conscience qu’elle ne peut plus accomplir sa mission de Service Public ;
  • Des agents qui se considèrent comme des portiers ou des videurs en venant ouvrir et fermer la porte ;
  • Un accueil via des vidéo portiers (comme à l’accueil d’une prison) où en plus tout le monde peut entendre la situation de chacun.

Si certaines formulations peuvent faire sourire, la situation empire : les tensions sont exacerbées, l’humain est mis au second plan. Parmi les demandeurs d’emploi, les intermittents sont au premier plan, particulièrement touchés.

Faute de dialogue, une nouvelle manifestation

Dans un courriel envoyé (notamment) à Profession Spectacle, l’infatigable Rose-Marie Péchallat, alias Rosecelavi, s’impatiente : « Entre la fermeture des agences à la demi journée, la limitation des services téléphoniques en agence (accès limités), les contrôles et l’obligation d’être connecté, avec son ordinateur personnel, son scanner, son imprimante, son téléphone portable, si les chômeurs vont sortir de l’auberge Pôle Emploi, ils ne sont pas sortis de l’auberge tout court ! »

Qui a raison dans l’affaire : Pôle Emploi ou les syndicats ? Sur le fond, il aurait fallu en discuter paisiblement pour connaître les tenants et les aboutissants de ce changement. Sur la forme, nous condamnons la manière de faire de Pôle Emploi : en position de force, l’institution ne laisse pas le choix à ceux qui souffrent d’une situation précaire et qui n’ont pas nécessairement les moyens, ni les réflexes, du commercial constamment connecté sur son ordinateur.

Face à « ce désastre organisationnel et humain » et faute de dialogue, les moyens sont (malheureusement) de nouveau les mêmes :
1. une pétition en ligne à signer ;
2. une manifestation : la CGT Pôle emploi Picardie a elle-même proposé aux organisations syndicales de la région d’agir, en appelant les personnels de Picardie à cesser le travail, le 22 octobre. Le SNU Picardie a aussitôt répondu favorablement à cet appel, SUD n’étant pas présent en Picardie.

Des manifestations sont d’ores et déjà prévues ce jeudi 22 octobre à 14h, devant les agences de Montataire, Noyon et Clermont. Espérons que les chemises ne tomberont pas…

Élodie NORTO



 

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