Gallimard n’a « pas renoncé » à rééditer les pamphlets antisémites de Céline
Antoine Gallimard n’a « pas renoncé » à rééditer les pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, projet qui avait provoqué une levée de boucliers. Le 11 janvier, « j’ai suspendu ce projet, mais je n’y ai pas renoncé », explique-t-il dans le Journal du dimanche (JDD). « La raison de cette suspension est simple: on ne construit rien de valable dans un incendie, on ne peut pas se faire entendre dans un amphithéâtre en ébullition ».
[avec AFP]
Il y a deux ou trois mois, le projet de rééditer les pamphlets antisémites de Céline – Bagatelles pour un massacre, L’École des cadavres et Les beaux draps, textes rédigés par l’auteur du Voyage au bout de la nuit entre 1937 et 1941 – a suscité une vague d’indignation notamment de la part de Serge Klarsfeld, président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France.
Le PDG des éditions Gallimard réfute l’idée d’avoir été convoqué par le gouvernement en décembre 2017 à ce sujet.
« Le terme « convocation » est inexact. J’ai reçu une lettre du délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, M. Frédéric Potier, et j’ai choisi de le rencontrer. »
Par goût de la vérité
L’éditeur explique avoir alors fait savoir à Frédéric Potier, qui s’inquiétait d’une possible réédition des textes sans mise en contexte, qu’elle se ferait accompagnée d’un « appareil historique », avec une analyse du professeur d’université Régis Tettamanzi et une préface signée de l’écrivain Pierre Assouline.
Antoine Gallimard justifie à nouveau dans le JDD son projet « par goût de la vérité » et la nécessité de montrer « la coexistence du génie et de l’ignoble en un seul homme ».
Ces pamphlets devraient tomber dans le domaine public en 2031 (soit 70 ans après la mort de l’écrivain en 1961) et seront alors libres de droits. Les pamphlets de Céline ne sont pas interdits en France, mais n’ont pas été réédités depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’écrivain lui-même puis sa veuve, Lucette Destouches, âgée de 105 ans, s’y opposaient.
Dessin de R.O.C