Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque : « Le cinéma, ses censeurs et ses faussaires »
Le directeur de la Cinémathèque, organisatrice des rétrospectives Polanski et Brisseau, répond au chroniqueur de Libération, Daniel Schneidermann. Nous ne céderons pas à la demande de censure, dit-il, et continuerons de projeter les films de Polanski, Bertolucci ou Hitchcock.
[Écho de la presse]
Il y a quinze jours, la chronique de Daniel Schneidermann, intitulée « Harvey Weinstein en surimpression » (lire Libération du 30 octobre), désignait le cinéma, tout le cinéma, comme « coupable » d’avoir fourré dans la tête de tous les hommes des stéréotypes du type « quand elles disent non, ça veut dire oui », responsables des violences sexuelles faites aux femmes. Rien que ça, sans que l’outrance de la charge, balancée à l’emporte-pièce, sans argumentation ni la moindre étude de cas, ne provoque la moindre contestation.
Comme l’implacable Schneidermann emploie plus souvent qu’à son tour le célèbre « plus c’est gros, mieux ça passe » des Quatre Cents Coups, il en conclut bien vite que dans A bout de souffle (Godard, 1960) Belmondo « harcèle » Jean Seberg. Et voilà ce fleuron de la Nouvelle Vague qui a fait le tour du monde tant ils étaient jeunes, beaux, désirables et sexy, soudain flétris par l’accusation infamante, l’injonction de regarder plus attentivement et d’admettre qu’en fait, c’est une image de violence et de soumission. Seuls les naïfs, les hypocrites misogynes ou ces pauvres cinéphiles d’avant la grande mais si nécessaire révision de nos classiques oseront objecter que ça ne tient pas debout, que Patricia (Jean Seberg) n’est jamais victime de rien, et quand elle en a marre de cet emmerdeur, elle le balance aux flics, avant d’adopter son tic du doigt sur les lèvres et son mot fétiche dans une pose gémellaire et amorale.
Lire la tribune complète de Frédéric Bonnaud sur le site de Libération.