Esquisse de la réforme de l’audiovisuel public : réactions entre espoir et vigilance
La ministre de la culture Françoise Nyssen, vient de présenter les premières mesures de réforme de l’audiovisuel public. Un événement qui n’a pas manqué de faire réagir les organisations professionnelles.
Des avancées qui suscitent de l’espoir
L’objectif de la ministre est clair : il s’agit de créer « un média global à vocation universelle », une ambition que le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) ne manque pas de saluer, en la considérant inscrite dans l’avenir, dans le « renouveau du service public, de la proximité et de la promotion de la création, et de l’accès à la connaissance et à l’éducation ». Selon le communiqué publié par l’organisation professionnelle, une telle vision va à l’encontre de ceux qui pensaient toute réforme en fonction du seul critère économique et budgétaire.
L’Union des producteurs de cinéma (UPC) évoque quant à elle, dès le titre de son communiqué, un accompagnement vigilant, non sans souligner d’emblée les avancées des propositions faites par la ministère : « Les priorités de l’audiovisuel public sont affirmées avec force : innovation, création, éducation, proximité, information. L’UPC se réjouit de l’accent mis par la Ministre sur l’innovation et la création, pour le développement desquelles l’UPC est désireuse d’avancer, notamment dans le cadre de la concertation qui s’ouvre sur le scénario annoncé pour la réforme de la télévision publique. »
Un sanctuarisation unanimement saluée
Lorsque la ministre annonce une sanctuarisation des investissements de l’audiovisuel public dans la création (560 millions d’euros), tout en demandant à l’audiovisuel public et aux producteurs de trouver de nouvelles manières de collaborer, l’UPC et le SPI se réjouissent.
Le SPI rappelle qu’il défend « le principe de l’indépendance et de la totale transparence en la matière. La production interne renforcée et intégrée n’est pas gage de liberté de création, ni d’économies ».
Quant à l’UPC, elle salue cette sanctuarisation et « rappelle à cet égard que plus 60 millions d’euros sont investis chaque année par France Télévisions dans le préfinancement de films cinématographiques d’expression originale française et que le cinéma est le programme le plus réclamé par les spectateurs sur ses antennes ».
Une ambition à suivre avec attention
Le SPI salue une ambition, placée dans cette intervention sous le signe de l’avenir, du renouveau du service public, de la proximité et de la promotion de la création, et de l’accès à la connaissance et à l’éducation quand d’autres reléguaient depuis plusieurs semaines cette réforme aux seules contraintes d’économies budgétaires.
« Nous devons rester vigilants à ne pas déstabiliser notre production audiovisuelle d’animation, reconnue dans le monde entier, ajoute le SPI, en proposant une offre de qualité, créative et diverse, à destination du jeune public et des familles ».
Questions d’avenir
L’avenir de France 4, de France O et des antennes d’outre-mer, ou encore le rapprochement de France bleu et de France 3… autant de questions qui suscitent une grande attention, des questionnements, des doutes, parfois des espoirs. Pour le SPI, qui rappelle au passage l’enjeu « de cohésion sociale et d’expression des pluralités culturelles sur tout le territoire », la demande de triplement des heures de programmes régionaux est « un axe majeur, porteur d’émergence, de création et d’emplois sur les territoires. Le SPI, seul syndicat implanté dans les régions a toujours plaidé pour le respect et le développement du secteur dans les territoires ».
L’UPC s’interroge sur une contradiction apparente entre la suppression de la fréquence hertzienne dont bénéficie France 4 et l’envie du Ministère d’investir dans les œuvres destinées à la jeunesse.
Une concertation et des propositions à venir
Le SPI poursuit : « Les nouveaux outils numériques annoncés dès le mois de juin doivent se construire avec les professionnels du secteur, dans la concertation et le respect des engagements pris, à la fois dans les accords signés mais aussi dans la volonté exprimée par la ministre. » Le SPI d’annonce de prochaines propositions qui seront rendues à la commission Smadja, chargée de bâtir les éléments concrets de cette réforme et de proposer les termes de leur traduction dans la loi annoncée pour 2020.
L’UPC conclut par une mise en exergue « de très lourdes interrogations […] quant à la pérennité des ressources de l’audiovisuel public, les aspects financiers de la réforme devant être communiqués au cours des prochaines semaines ». L’UPC rappelle sa vigilance pour que « la télévision publique dispose des moyens de son action et de sa transformation, ce qui est de l’intérêt même des citoyens de notre pays ».