Égalité hommes-femmes : l’interminable combat de la culture
Si le dernier rapport de l’Observatoire du ministère de la Culture pointe quelques améliorations, la situation des femmes dans le monde des arts reste néanmoins accablante : manque de moyens pour créer, produire et diffuser, invisibilité dans les programmations, les festivals et à la tête des institutions… Les faits sont là et les causes, multiples. Analyse avec Reine Prat, Christine Sinapi et Cécile Offroy.
Lorsqu’on parle d’égalité entre femmes et hommes, il est de bon ton de citer des chiffres. Selon le dernier rapport de l’Observatoire du ministère de la Culture, publié en mars dernier, les améliorations sont réelles mais encore hétérogènes selon les disciplines.
Dans le spectacle vivant et l’audiovisuel, l’écart moyen de salaire est de 12 %, mais atteint les 38 % dans le spectacle vivant quand il est question de droits d’auteur. 38 % des femmes atteignent les postes plus élevés des établissements publics (aucune dans le spectacle vivant) ; elles ne sont que 36 % à la tête des structures culturelles soutenues par le ministère (FRAC, CDN, pôles cirques, centres d’art…) et 37 % à la tête des établissements de l’enseignement supérieur artistique.
Autre chiffre encore : il n’y a qu’une femme pour six hommes à la tête des 100 premières entreprises de secteurs culturels en termes de chiffres d’affaires en 2019 (hors secteur de l’audiovisuel public).
On pourrait multiplier ainsi les chiffres, jusqu’à saturation. Mais les statistiques ne disent pas tout. Elles révèlent que les œuvres des femmes restent moins visibles, moins acquises et moins programmées que celles des hommes ; que le montant moyen des aides qui leur sont accordées est la plupart du temps plus faible que pour les hommes ; que les œuvres de femmes sont rarement primées…
Cependant, ces statistiques laissent de côté les causes profondes de ces inégalités. Elles ne permettent ni de comprendre de l’intérieur, ni de sensibiliser en profondeur, ni d’agir avec force – dès lors qu’on a identifié les inégalités salariales, les inégalités d’accès aux postes à haute responsabilité (sauf rares exceptions), les inégalités de budgets alloués ou encore les inégalités dans la reconnaissance des œuvres.
INVITÉES
– Reine Prat, agrégée de lettres, autrice de deux rapports ministériels sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts du spectacle (2006 et 2008) et de l’essai Exploser le plafond (Rue de l’échiquier) ;
– Christine Sinapi, économiste, chercheuse en finance et management des arts, directrice depuis peu des programmes académiques à l’ESSCA ;
– Cécile Offroy, sociologue, maîtresse de conférence à l’université Paris-13 et responsable d’études pour l’association Opale, Centre de ressources pour les associations culturelles.
PLAN DU DÉBAT
1/ État des lieux : racines structurelles des inégalités, division horizontale et verticale du travail, seuils d’éliminations, mécanismes psycho-sociaux…
2/ Sensibilisation : représentations et lecture des œuvres, formations sur les mécanismes intériorisés, les rôles modèles, la capacité à solliciter de l’aide…
3/ Évaluation des solutions mises en place : quotas, dispositifs existants (conditionnalité des subventions à des fins sociétales, etc.), liberté de création, gouvernance et contrôle des sanctions…
4/ Perspectives
Table ronde modérée par Pierre GELIN-MONASTIER
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