Décès de Claude Lanzmann, auteur du film-monument « Shoah »
Cinéaste, réalisateur du monumental Shoah, écrivain, philosophe et journaliste, Claude Lanzmann, mort jeudi à 92 ans, a traversé le XXe siècle avec la volonté irréductible de témoigner et de se battre pour les causes qu’il estimait justes.
Brisé par la mort l’an dernier de son fils Félix, emporté à 23 ans par « un cancer impitoyable », Claude Lanzmann est mort jeudi à Paris à l’hôpital Saint-Antoine.
De retour chez lui depuis une quinzaine de jours après une hospitalisation due à la fatigue, le cinéaste et écrivain était « très très faible », a confié une porte-parole de Gallimard. « Mais nous pensions, qu’une fois encore, il surmonterait ça », a-t-elle ajouté.
Réalisateur de Shoah, le grand documentaire sur l’extermination des Juifs d’Europe, Claude Lanzmann fut aussi journaliste, directeur des Temps Modernes, et écrivain.
Ami de Jean-Paul Sartre, compagnon de Simone de Beauvoir, il était un défenseur infatigable de la cause d’Israël.
Il se revendiquait résistant et combattant de la vérité.
« Si je suis irréductible, c’est par rapport à la vérité. Quand je regarde ce que j’ai fait au cours de ma vie, je crois que j’ai incarné la vérité. Je n’ai pas joué avec ça », avait-il affirmé lors de sa rencontre avec un journaliste de l’AFP.
Dans un livre-hommage publié par Gallimard l’an dernier, Claude Lanzmann, un voyant dans le siècle, le professeur Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique, estimait que le cinéaste avait autant marqué l’histoire du cinéma que celle de l’extermination du peuple juif « à laquelle il a donné la sépulture qui lui manquait ».
Claude Lanzmann fut de tous les grands combats de l’après-guerre notamment en faveur des indépendances des pays colonisés. Il sera aussi un défenseur inconditionnel d’Israël voyant dans l’antisionisme « un des masques de l’antisémitisme ».
Son dernier film, Les quatre sœurs, est sorti en salles ce mercredi.
[avec AFP]