Coronavirus : le spectacle vivant touché de plein fouet
À l’issue du conseil de défense et du conseil des ministres exceptionnels qui se sont tenus le samedi 29 février, le ministre de la santé Olivier Véran a annoncé l’annulation de « tous les rassemblements de plus de 5 000 personnes en milieu confiné ». C’est potentiellement une centaine de salles de spectacle qui sont concernées en France.
Publié le 3 mars 2020 – Mis à jour le 4 mars 2020
Interrogations sur la mise en œuvre
Alors que la France enregistre, lundi 2 mars au soir, 191 cas de coronavirus et 3 décès, les mesures préventives destinées à ralentir la propagation du virus conformément au stade 2 de l’épidémie se multiplient. C’est dans ce cadre que la crise se propage au milieu culturel, et l’incertitude plane.
Dès dimanche, le PRODISS, syndicat national du spectacle musical et de variété, a rapidement réagi au travers d’un communiqué appelant le gouvernement à faire « connaître le texte officiel donnant le cadre de la mise en œuvre de cette décision d’annulation » et a sollicité une réunion de crise avec les ministères de la Santé et de la Culture.
Franck Riester, ministre de la Culture, a alors reçu les syndicats de producteurs dans la soirée de dimanche, lors d’une réunion improvisée à la dernière minute. Ils ont mis en avant une nécessaire clarification de la situation, indispensable pour une communication efficace avec leur public et les assurances, pour un secteur, le spectacle vivant, qui représente chaque année en France 30 millions de spectateurs et 60 000 représentations.
Des milliers de spectacles dans l’expectative
Dans un esprit de responsabilité affiché, le monde culturel est en branle-bas de combat. Du salon du livre Paris, initialement prévu du 20 au 23 mars, au festival SIDERATION au CNES, festival des imaginaires spatiaux, les annulations pleuvent. La fermeture du Louvre constatée dimanche a été renouvelée ce lundi et certainement pour les jours à venir. Elle fait suite à un droit de retrait voté à l’unanimité par ses salariés qui craignent d’être atteints par le virus. Tous les autres musées restent toutefois ouverts à Paris et en France à ce jour.
Concernant le spectacle vivant en particulier, l’effet a été immédiat : dès dimanche, la compétition de danse hip-hop Juste Debout devant avoir lieu à l’AccorHotels Arena a été annulé. Le Zénith de Nantes a d’ores et déjà annoncé de son côté que la date du 7 mars pour le concert de Maître Gims ne tenait plus. Au cas par cas, la décision finale se prenant à l’échelle locale, d’autres événements où sont pourtant annoncés plus de 5 000 participants sont pour le moment maintenus, dans une incohérence qui parfois interroge.
Pris de cours, le monde du spectacle vivant navigue à vue, entre annulation pure et simple, maintien et report à une date ultérieure. Il doit conjuguer avec une double inconnue majeure, la possible étendue ou restriction de la mesure selon l’évolution de la situation, et la durée de ladite mesure.
Des producteurs aux artistes, des diffuseurs aux techniciens, la surprise et l’émoi sont palpables et des milliers de spectacles sont dès à présent menacés. Après plusieurs mois de grèves qui avaient mis à mal le milieu artistique, essentiellement dans la région parisienne, une nouvelle perte de près de 250 millions d’euros de chiffres d’affaires d’ici avril est ainsi évoquée.
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