Comment le ministère de la culture veut améliorer la rémunération des photographes

Comment le ministère de la culture veut améliorer la rémunération des photographes
Publicité

Le 2 juillet dernier, Françoise Nyssen a présenté plusieurs propositions pour une meilleure rémunération des photographes, après concertation avec les représentants de la profession. Une réponse au cri d’alarme lancé, la veille, dans Libération, à l’aide d’une tribune signée par des indépendants ou membres d’agences et de collectifs (Raymond Depardon, Bernard Plossu, Françoise Huguier, l’agence Myop, le collectif Tendance Floue). En ces jours de rentrée, retour sur les propositions du ministère de la culture.

Un nouvel appel à l’aide

Dans ce texte, ils dénoncent la généralisation de la gratuité, une presse « hors la loi », la chute des tarifs. « Le manque de soutien à la création photographique française est flagrant, alors que la majorité des arts en bénéficient : le CNC pour l’audiovisuel, les subventions pour le théâtre, les quotas pour la musique, le statut des intermittents, etc., déplorent ces photographes. À l’heure où l’image est un enjeu majeur de l’avenir, ce vide est incompréhensible. En occultant ses besoins, la production photographique s’assèche et les sources d’information et de contenus se réduisent. Nous demandons un soutien concret par le biais d’aides à la création et à la production pour les photographes ».

Leur pétition est en ligne sur Change.org. Cet appel n’est pas le premier. En 2015 déjà, un rapport de la Scam avait dressé un état des lieux inquiétant et avancé des propositions pour « faire respecter les bonnes pratiques ».

« La photographie ne s’est jamais aussi bien portée en France, les photographes jamais aussi mal », regrettent les signataires de cette nouvelle tribune, demandant notamment des aides à la création et à la production pour les photographes.

Pour répondre à cet appel à l’aide, voici comment le ministère de la culture propose de leur répondre…

En obligeant la presse à respecter les délais de paiement

Combien sont-ils ? Combien de photographes vivent péniblement de leur passion, suspendus au bon vouloir de titres de presse peu soucieux de les payer en temps et en heures ?

Au 1er avril dernier, en France, les organes de presse totalisaient près d’un demi-million d’euros de factures impayées, avec un délai de paiement allant jusqu’à 174 jours ! Des chiffres fournis par François Nyssen à l’ouverture des Rencontres de la photographie d’Arles. Tant de photographes obligés de « sauter d’un glaçon à l’autre avant qu’il n’ait fini de fondre », selon la métaphore du photographe et réalisateur de webdoc, Samuel Bollendorff en 2017.

Le ministère de la culture souhaite donc que le versement des aides à la presse soit bloqué si les délais de paiement des photojournalistes ne sont pas respectés, avec des « conventions cadres en faveur des photojournalistes et de leurs agences », a affirmé Mme Nyssen.

Rémunération systématique lors d’expositions

Les photographes devraient également être rémunérés systématiquement quand leurs photos sont exposées, avec « un nouveau système » proposé d’ici le mois d’octobre.

« Il n’est plus acceptable que les artistes ne soient plus rémunérés par les institutions et manifestations culturelles qui présentent leurs œuvres. Ce fut la pratique pendant des années. J’estime qu’elle n’a plus sa place », a martelé Françoise Nyssen.

Les Rencontres d’Arles ont montré la voie cette année, en versant une rémunération à tous les photographes exposés. « Faire le choix d’être artiste ne doit pas, dans ce pays, signifier systématiquement faire des sacrifices », a souligné la ministre.

Le choix de vendre ou non ses images sans passer par agence

Chaque photographe devrait aussi pouvoir « choisir ou non de revendre ses images à des groupes de presse sans passer par l’agence photographique qui l’accompagne ».

La ministre souhaite également « qu’une discussion s’ouvre » entre les agences de photographes et les agences de presse, pour que les photographes soient rémunérés selon les supports de diffusion, notamment dans les cas où une photo est utilisée à la fois pour un support papier et pour un support numérique.

Conditions de travail en agence de presse

Enfin, le ministère veut ouvrir un chantier « relatif aux conditions de travail des agences de presse […] qu’elles puissent exercer leur activité dans des règles de concurrence loyale et au bénéfice d’une meilleure visibilité pour les photographes ».

Ces conditions sont-elles suffisantes ? Comment les propositions émises par Françoise Nyssen au début du mois de juillet dernier vont-elles être mises en œuvre ? Autant de questionnements qui seront étudiés les semaines, voire les mois, à venir…

Jacques GUILLOUX



Publicité

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *