Cannes 2018 : la Palme d’or à « Une affaire de famille » de Hirokazu Kore-Eda
Clap de fin sur ce 71e du festival de Cannes qui, pendant 12 jours, a dévoilé des artistes et des films du monde entier. Sur la scène du Grand Théâtre Lumière, le maître des cérémonies, Édouard Baer, a accueilli le jury des longs-métrages présidé par Cate Blanchett, pour l’annonce du Palmarès 2018. La manifestation s’est achevée sur les Marches rouges, où les lauréats et le Jury ont rejoint Sting et Shaggy pour une surprise musicale Live !
PALME D’OR : MANBIKI KAZOKU (« Une affaire de famille »), de Hirokazu KORE-EDA (Japon)
La Palme d’or a été remise par Cate Blanchett.
Hirokazu Kore-eda : « Je dois avouer que mes jambes tremblent un peu. Je suis très heureux d’être ici et à chaque fois que je viens à Cannes, je me dis que je reçois beaucoup de courage. Je ressens de l’espoir. L’espoir que les pays qui s’affrontent puissent se rejoindre grâce au cinéma. Alors je vais accepter ce courage, cet espoir que je viens de recevoir. J’aimerais le partager avec toute mon équipe et les jeunes réalisateurs qui commencent dans le milieu et vont nous délivrer de très beaux films à l’avenir. »
Synopsis – Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…
GRAND PRIX : BLACKKKLANSMAN réalisé par Spike LEE (États-Unis)
Le Grand Prix a été remis par Benicio Del Toro et Chang Chen.
Spike Lee : « Je tiens à remercier Thierry Frémaux, Pierre Lescure et tous ceux qui ont travaillé sur ce film, devant et derrière la caméra. Je suis sensé savoir ce qui se passe aux États-Unis, mais non. Ma vision du monde ? Nous aimons tous le cinéma ! »
Synopsis – Ron Stallworth, un officier de police afro-américain du Colorado, a réussi à infiltrer le Ku Klux Klan local et devient presque le chef du chapitre local.
PRIX DU JURY : CAPHARNAÜM réalisé par Nadine LABAKI (Liban)
Le Prix du Jury a été remis par Gary Oldman et Léa Seydoux.
Nadine Labaki : « Merci infiniment pour ce prix inouï, pour un petit film fait à la maison, en famille. L’enfance mal aimée est à la base du mal dans le monde. Je dédie ce prix à mes acteurs, qui m’ont ouvert leur vie. Et à mon pays qui, malgré tout ce qu’on lui reproche, se débat comme il peut, et a quand même accueilli le plus grand nombre de migrants dans le monde. »
Synopsis – INT. TRIBUNAL
ZAIN, un garçon de 12 ans est présenté devant le JUGE.
LE JUGE : « Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? »
ZAIN : « Pour m’avoir donné la vie. »
PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE : Samal YESLYAMOVA dans AYKA réalisé par Sergey DVORTSEVOY (Russie, Allemagne, Pologne, Kazakhstan)
Le Prix d’interprétation féminine a été remis par Ava DuVernay et Asia Argento.
Samal Yeslyamova : « C’est un moment mémorable dans ma vie. Un immense merci à Sergey Dvortsevoy. »
Synopsis – Ayka vient d’accoucher. Elle ne peut pas se permettre d’avoir un enfant. Elle n’a pas de travail, trop de dettes à rembourser, même pas une chambre à elle. Mais c’est compter sans la nature, qui reprendra ses droits.
PRIX D’INTERPRÉTATION MASCULINE : Marcello FONTE dans DOGMAN réalisé par Matteo GARRONE (Italie, France)
Le prix d’interprétation masculine a été remis par Khadja Nin et Roberto Benigni.
Marcello Fonte : « Je voudrais vous dire deux mots. Quand j’étais petit, chez moi, et qu’il pleuvait, je fermais les yeux et j’avais l’impression d’entendre des applaudissements. Maintenant, ce sont vos applaudissements. Je suis chez moi ce soir. Ma famille, c’est le cinéma, c’est vous, c’est Cannes. Je remercie tout le monde et je remercie Matteo Garrone pour tout ce qu’il a fait. »
Synopsis – Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tous, voit revenir de prison son ami Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, rackette et brutalise le quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle. Il fait alors l’apprentissage de la trahison et de l’abandon, avant d’imaginer une vengeance féroce…
PRIX DE LA MISE EN SCÈNE : ZIMNA WOJNA (Cold War) de Pawel PAWLIKOWSKI (Pologne, Royaume-Uni, France)
Le prix de la mise en scène a été remis par Abderrahmane Sissako, Kristen Stewart et Denis Villeneuve.
Pawel Pawlikowski : « Merci à Thierry Frémaux et à Pierre Lescure de nous avoir invité pour présenter ce film. Cela faisait très longtemps qu’un film polonais n’avait pas été primé ici. Je suis gêné car j’ai devant moi tous les acteurs qui ont souffert durant la réalisation de ce film. Quand on a assisté à la projection du film, on a pu constater que le travail a été formidable. Je tiens à remercier mon producteur, qui a réussi à produire ce film pas très commercial et m’a aidé à le sculpter de façon très libre. Je tiens à dédier ce film au dramaturge polonais décédé récemment Janusz Głowacki. Il incarnait tout ce à quoi j’aspire : la gentillesse et le courage. »
Synopsis – Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.
PRIX DU SCÉNARIO EX-ÆQUO : Alice ROHRWACHER et Jafar PANAHI
Le prix du scénario a été remis par Robert Guédiguian et Chiara Mastroianni.
Alice ROHRWACHER pour LAZZARO FELICE – « Heureux comme Lazzaro » (Italie, Suisse, France, Allemagne)
Alice Rohrwacher : « Merci au Festival, merci de m’avoir invitée et d’avoir présenté ce film. Merci au Jury qui a écouté la voix qu’il porte. Merci surtout à Adriano Tardiolo, Lazzaro, qui a accepté de se lancer dans cette aventure avec moi. »
Synopsis – C’est l’histoire d’une rencontre entre Lazzaro, un jeune paysan si bon qu’on le croit simple d’esprit, et Tancredi, un jeune noble arrogant qui s’ennuie à l’Inviolata, un hameau resté à l’écart du monde sur lequel règne la marquise Alfonsina de Luna. Leur amitié se scelle quand Tancredi, par jeu, organise son propre enlèvement et demande son aide à Lazzaro. Cette relation sincère et joyeuse est une révélation pour Lazzaro. Une amitié si précieuse qu’elle lui fera traverser le temps et le mènera à la ville, à la recherche de Tancredi.
Jafar PANAHI pour SE ROKH – « 3 Visages » (Iran)
La fille de Jafar Panahi a reçu le prix au nom de son père, qui a tenu à remercier la présidente et chacun des jurés. Jafar Panahi a regretté l’absence de son ami, Abbas Kiarostami : « S’il avait été là, nous aurions assurément regardé la Cérémonie ensemble. »
Synopsis – Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice… Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
PALME D’OR SPÉCIALE : LE LIVRE D’IMAGE de Jean-Luc GODARD (Suisse)
Une récompense pour « un artiste qui fait avancer le cinéma » a expliqué la présidente du jury Cate Blanchett. En l’absence de Jean-Luc Godard, c’est la productrice Mitra Farahani qui est venue récupérer cette récompense particulière : « Ô Dieu, Jean-Luc Godard ! Nous ferons comme les rois mages en lui rapportant cette récompense qui lui fera plaisir ». Et Édouard Baer, blagueur, de lui répondre : « Cette comparaison avec Jésus, peut-être moins ».
PALME D’OR court-métrage : ALL THESE CREATURES (Toutes ces créatures) de Charles WILLIAMS (Australie)
La Palme d’or a été remise par le président du jury des courts-métrages et de la Cinéfondation, Bertrand Bonello.
Charles Williams : « Ce n’est qu’un court métrage, mais être associé à ce Festival est un immense privilège. »
Synopsis – Un adolescent tente de démêler ses souvenirs d’une épidémie mystérieuse, l’effondrement de son père et des petites créatures à l’intérieur de nous tous.
MENTION SPÉCIALE DU JURY court-métrage : YAN BIAN SHAO NIAN (« On the Border ») réalisé par Shujun Wei (Chine)
La mention spéciale a été remise par le président du jury des courts-métrages et de la Cinéfondation, Bertrand Bonello.
Synopsis – Hua Dongxing décide de quitter son village isolé. Il se rend en ville pour chercher son père et lui demander de l’argent. Sa recherche devient une errance émerveillée.
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