« BOUTIK » : un spectacle jeune public pour prévenir des dangers d’internet
C’est à Sarah Fourage, auteure jeune public, que la compagnie montpelliéraine Les Têtes de Bois a commandé ce texte pour traiter de ce vaste thème, d’une brûlante actualité, des addictions aux écrans, des réseaux sociaux et des dangers collatéraux potentiels. Le résultat est très réaliste, parfois drôle mais surtout terriblement glaçant. À découvrir à Avignon jusqu’au 29 juillet au Collège de La Salle avant, nous l’espérons, une tournée.
Un adolescent, en réaction à tous les « il ne faut pas », s’est réfugié sur son ordinateur, s’est créé de multiples avatars et hante les écrans. La période de l’adolescence favorisant la transgression des interdits, il n’a pas hésité à vivre par procuration sur internet et à se livrer à des jeux virtuels dangereux.
Transférant son manque d’amour sur la toile à laquelle il s’abandonne, Il évolue dans un monde parallèle accentuant ses manques et des frustrations. Après avoir raté son bac, il crée un site capable d’harceler des collégiens à votre place sur le net : « Boutik », vendant même des packs pour « haïr » de façon anonyme.
Plus tard, devenu jeune adulte, tandis qu’il a trouvé un emploi à la médiathèque, il tombe amoureux d’une collégienne, Carina. Il tente d’entrer en contact avec elle par l’intermédiaire de son meilleur avatar mais celle-ci n’accédant pas à sa demande, il commence à la harceler jusqu’à l’irréparable…
Devant son bloc d’écrans et de matériel technique divers (création vidéo angoissante de Nicolas Hurtevent), le jeune homme s’adresse à Madame la Juge qui l’a assigné à résidence. Il a été jugé et la sentence est définitive : il doit se déconnecter de tout écran. Bracelet électronique sur lui, il ne peut quitter la pièce sans déclencher une puissante alarme.
Sous la direction précise de Valeria Emanuele, Grégoire de Martino tient la scène avec une autorité impressionnante et donne à cet éternel adolescent beaucoup de complexité grâce à une belle finesse de jeu. On sent toute la rancœur accumulée, on comprend l’engrenage dans lequel il est entraîné et l’inaptitude à la socialisation qui en découle.
BOUTIK (ou l’amour impossible), à destination d’un public scolaire, montre avec éloquence les dérives et les réels dangers de la toute puissance d’internet où n’importe qui peut être détruit en quelques clics. La pièce offre une kyrielle de thèmes de réflexions et de débats. Qu’elle soit vue en famille ou en groupe, elle favorise l’échange et libère la parole, ne laissant personne indifférent.
Lors de la représentation à laquelle nous avons assisté, l’association « Pass Prévention », fondée par Christian Roque, ancien gendarme et spécialisé dans la prévention sur le Languedoc-Roussillon animait après la pièce un débat qui fonctionna très bien auprès des collégiens présents. Ceux-ci purent en effet vérifier la véracité de quelques idées reçues et se rendre compte de la puissance des nouveaux médias.
Et comprendre enfin que, parce qu’ils en sont les premiers consommateurs et les plus familiers, ils sont aussi les plus visés et les plus fragiles face aux menaces de tous types.
Spectacle : BOUTIK (ou l’amour impossible)
- Création : 2017
- Durée : 45mn
- Public : à partir de 13 ans
- Texte : Sarah Fourage
- Mise en scène : Valeria Emanuele
- Avec Grégoire de Martino
- Création musicale : Dimoné
- Créateur vidéo : Nicolas Hurtevent
- Scénographie : Emmanuelle Debeusscher
- Création lumières : Gabriel Bosc
- Compagnie : les Têtes de Bois
- Diffusion : 04 67 86 29 60 et diffusion.lestetesdebois@gmail.com
Crédits photographiques : Jean Marie Collavizza et Isabelle Cabourg
.
En téléchargement
.
Tournée
– 6 au 29 juillet 2018 : Collège de la Salle, Avignon Off, à 16h30 (relâche les lundis)
Découvrir toutes nos critiques de spectacles