Bourgogne-Franche-Comté : impact de la fusion des régions sur les artistes émergents

Bourgogne-Franche-Comté : impact de la fusion des régions sur les artistes émergents
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Depuis la fusion des régions Bourgogne et Franche-Comté, les dispositifs d’aide aux artistes ont été harmonisés, suscitant des craintes a priori de la part des acteurs artistiques. Qu’en est-il de l’émergence ? A-t-elle survécu à ces bouleversements ? Que fait la région pour les artistes émergents ?

L’émergence pourrait être définie en termes de besoins : des artistes prometteurs, avec souvent peu de moyens, qui gagneraient à être aidés pour se développer. Ces artistes ne sont pas des monades isolées mais s’inscrivent eux-mêmes dans un territoire où peuvent se croiser et s’enrichir les différentes pratiques artistiques, qu’elles soient amateurs, semi-professionnelles et professionnelles. Quant à l’accompagnement de cette émergence, il dépend encore et surtout de la politique culturelle régionale qui intervient pour permettre à des projets artistiques de se concrétiser.

Comment définir l’émergence et quels sont les dispositifs mis en place dans la région Bourgogne-Franche-Comté pour dynamiser la création ? Rencontre avec Anne Zaïre, cheffe du service culture à la région depuis douze ans (auparavant cheffe du service culture de l’ancienne région Bourgogne).

L’harmonisation des dispositifs

Après douze ans au service de l’ancienne et de la nouvelle région de Bourgogne-Franche-Comté, Anne Zaïre possède un certain recul sur l’évolution du soutien au spectacle vivant, qu’il a fallu harmoniser sur l’ensemble du territoire. De ce grand chantier, avec un budget de 17,5 millions d’euros alloué à la culture, l’émergence ressort enrichie sans pour autant être catégorisée :

« Il y a des politiques que l’on mène qui ne sont pas spécifiquement fléchées sur l’émergence mais qui participent au soutien des équipes qui s’installent en région ou qui émergent, explique Anne Zaïre. C’est vrai qu’on ne traite pas à part l’émergence parce que, pour aider l’émergence et c’est notre parti pris à la région, il ne s’agit pas de créer une catégorie à part, mais de travailler l’accompagnement. »

Précisant que la région Bourgogne-Franche-Comté compte moins d’équipes de niveau national que d’équipes au rayonnement plus modeste, Anne Zaïre insiste sur le fait que le soutien à l’émergence se trouve d’autant plus nécessaire pour faire vivre et renouveler les projets.

Comment définir l’émergence ?

Il faut distinguer les projets pouvant être initiés par des artistes du cru, à la maturité certaine, et ceux lancés par des artistes émergents qui débutent et n’ont parfois qu’une, voire aucune création à leur actif.

Si, comme le fait remarquer Alain Renault, secrétaire de l’association Artdam et ancien conseiller régional à la commission culture de 2010 à 2015, « de vieilles jeunes compagnies, il y en a plein ; le temps passe vite quand on s’amuse ! », le conseil régional a choisi d’accompagner les jeunes compagnies qui n’ont pas plus de trois créations à leur actif.

Définir l’émergence peut encore s’approcher par la problématique des besoins, comme l’entend Stéphane Lepoil, directeur de l’Artdam, pour qui le croisement entre les pratiques amateurs et professionnelles dynamise la création. « L’émergence commence dans un garage, quand un groupe se met à répéter, constate-t-il. On doit être là pour rendre les choses possibles. Les pratiques amateurs conditionnent l’émergence et certains comédiens comme Théo Lanatrix, qui ont commencé à ce niveau, sont devenus ensuite professionnels. »

Des dispositifs spécifiques d’accompagnement

L’action du conseil régional spécifiquement dédiée à l’émergence se traduit dans les champs du spectacle vivant et de la musique. « En musique comme dans le spectacle vivant, souligne Anne Zaïre, il existe un dispositif qui s’appuie sur les structures les plus importantes et qui permet à de jeunes équipes d’être accompagnées sur une durée d’un an, sur tous les points : technique, administratif, développement du réseau, insertion professionnelle et artistique également. »

En musique, neuf groupes sont ainsi accompagnés pas des SMAC comme la Vapeur ou encore la Rodia. Des dispositifs similaires existent en soutien au spectacle vivant. « On considère émergente une compagnie qui a produit moins de trois spectacles et qui est repérée par un réseau professionnel, précise Anne Zaïre, donnant ainsi un critère objectif, aisément identifiable. Il faut être parrainé par une scène pour bénéficier de l’accompagnement. »

Un engagement fort pour la production cinématographique

Si l’éloignement géographique pose des problèmes logistiques et éloigne les structures des usagers, ainsi que le déplore Alain Renault, Anne Zaïre considère quant à elle que l’émergence ressort malgré tout dynamisée de la fusion des régions et ce, pour plusieurs raisons.

Les équipes qui bénéficient par exemple d’un accompagnement profitent tout d’abord d’une visibilité plus vaste sur le territoire, via un réseau plus étendu ; il faut citer par ailleurs l’engagement fort de cette majorité portant sur l’aide à la production cinématographique : « Elle n’existait plus auparavant en Franche-Comté et s’adresse désormais à tout le monde », conclut Anne Zaïre.

Ainsi, si les critères qui définissent l’émergence diffèrent que l’on soit une équipe artistique, une structure d’accompagnement ou bien que l’on œuvre au service d’une institution politique, les dispositifs mis en place en région pour soutenir le développement de la création ont été harmonisés à l’ensemble du territoire de telle sorte que chacun puisse en bénéficier.

Morgane MACÉ

Correspondante Bourgogne-Franche-Comté



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