Avignon 2018 – Le crowdfunding et le fait religieux au cœur de la réflexion au Village du Off
Depuis plusieurs années, Altaïr think tank se veut un acteur majeur dans la réflexion des politiques culturelles : journée de travail dans l’auditorium du journal Le Monde, grands débats dans le Village du Off à Avignon, dîner avec des personnalités investies dans le champ des arts et de la culture…
Profession Spectacle a eu l’occasion de s’investir à plusieurs reprises au côté d’Altaïr think tank, par des comptes rendus (notamment de la rencontre avec le député européen Jean-Marie Cavada), par des interviews, ou encore par une participation active au débat sur la French tech culture.
Rencontre avec le fondateur d’Altaïr think tank, François Adibi.
Altaïr think tank revient de nouveau à Avignon. L’an dernier, vous aviez organisé deux débats, le premier sur l’émergence du privé dans la culture, le second sur la French Tech culture. Cette année, vous renouvelez l’expérience, avec deux nouveaux débats. Le premier porte sur le financement participatif. Pourquoi un tel thème ? S’inscrit-il dans le prolongement de cette intrusion du privé, déjà évoqué l’an dernier ?
Altaïr think tank considère que le financement de la création est un élément essentiel à la vitalité et au développement de la culture. Une création libérée de toute forme de tutelles n’est possible que si le monde de la culture s’empare lui-même de ce sujet, le pense, l’anticipe et l’organise.
L’émergence du privé est un des aspects des bouleversements à venir, le financement participatif en est un autre. Mais nous avons eu pour cette table ronde le souci d’élargir le champ des possibles. C’est pourquoi nous avons invité des acteurs comme la banque publique d’investissement, la French tech culture, the Bridge et Audiens. Nous pensons que ces regards croisés et l’élargissement du champ de la réflexion nous permettront d’explorer de nouvelles pistes et des propositions concrètes.
À noter que cette année, plusieurs des participants à la table ronde tiendront des stands dans l’après-midi au Village du Off afin de répondre aux attentes des festivaliers et des professionnels.
Votre second débat se place sur un tout autre plan : « Le fait religieux au XXIe siècle : postures et impostures ». En quoi vous paraît-il important d’aborder le fait religieux, d’une part comme un fait culturel et historique, d’autre part dans un cadre tel que celui du festival d’Avignon ?
Nous considérons que le fait religieux est aussi un fait culturel : c’est un des aspects de ce qui constitue les civilisations. Aujourd’hui, la montée des tensions autour du fait religieux sert de carburant pour alimenter toutes sortes de conflits et de divisions à l’infini. Cela nous concerne tous. Il faut sortir de cette guerre de tous contre tous.
Cette deuxième table ronde, organisée en partenariat avec Le Monde des Religions, a deux objectifs : le premier est de sortir d’une approche sacrée ou théologique du fait religieux, approche qui s’est révélée largement inopérante. La religion est d’abord un fait culturel et historique ; cette nouvelle approche nous permet de mettre en avant tout ce qui nous rassemble. L’histoire nous montre qu’il y a une multitude de points communs et de convergences entre les différentes religions, dont le premier est l’importance du spirituel et la nécessité de relier les hommes, et non de les diviser.
Le deuxième objectif est de donner aux citoyens les outils et la méthode pour se faire par eux-mêmes leur propre opinion, afin de distinguer ce qui relève du religieux et du spirituel de ce qui est de l’ordre de l’instrumentalisation du religieux et de l’imposture. Seuls les faits historiques et culturels peuvent nous aider à opérer cette distinction décisive.
À ce sujet au regard de l’histoire, le radicalisme, quelle que soit sa couleur, est une imposture intellectuelle qui s’oppose aux fondements même du spirituel.
Qu’espérez-vous susciter à travers ces deux débats ? Auront-ils une suite durant l’année 2018-2019 ?
Avignon est le bouillon de culture où les idées peuvent être débattues et où l’intelligence collective peut créer, inventer et innover. Nous espérons sur ces deux sujets permettre la confrontation des idées, réfléchir, débattre, agir et, pour ceux qui le souhaitent, poursuivre les travaux tout au long de l’année 2018 au sein de notre laboratoire d’idées. La culture changera le Monde !
Propos recueillis par Pierre GELIN-MONASTIER