Auteurs francophones : les dispositifs d’aides et d’accompagnements existants

Auteurs francophones : les dispositifs d’aides et d’accompagnements existants
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Le dernier festival des Francophonies à Limoges a vu l’attribution de prix et d’aides en faveur des auteurs et autrices. De nouveaux dispositifs ont par ailleurs été annoncés. Profession Spectacle vous en propose un état des lieux non exhaustif.

Le festival Les Francophonies – Des écritures à la scène proposait du 25 septembre au 5 octobre les Zébrures d’automne, un temps précieux consacré à la scène, mettant en lumière artistes, auteurs et autrices francophones. En ce lieu propice aux rencontres professionnelles, aux échanges avec le public et aux découvertes de créations et d’écritures, différents prix et aides ont été remis, d’autres dispositifs ont été annoncés. Nous faisons ici un état des lieux non exhaustif.

Rappelons également que le prochain événement des Francophonies, les Zébrures de printemps, se déroulera en mars 2020 et sera consacré aux écritures francophones, une rare occasion d’entendre de nouveaux textes en résonance avec le Monde et de rencontrer leurs auteurs.

Prix RFI Théâtre

Sous l’impulsion de Pascal Paradou, le Prix RFI Théâtre a historiquement été créé avec le festival Les Francophonies qui a apporté un premier vivier de textes, puis se sont ajoutés les soutiens de la SACD et de l’Institut Français : la première remise du prix s’est déroulée en 2013. Dès lors, un appel à texte est lancé chaque année, qui voit le lauréat dévoilé à Limoges lors du festival des Francophonies.

Ce prix a ainsi pour objectifs de promouvoir la richesse des écritures dramatiques contemporaines francophones du Sud et de favoriser le développement de carrière de jeunes auteurs et autrices écrivant en français. La personne lauréate reçoit alors un soutien professionnel et une exposition médiatique.

Depuis cette année, Théâtre Ouvert a rejoint le dispositif d’accompagnement qui se déroule en quatre temps :
1) travail au plateau au CDN Normandie-Rouen, avec un metteur en scène différent chaque année ;
2) expérimentation autour du texte, mise en lecture et en espace à Théâtre Ouvert ;
3) résidence d’écriture à la Maison des auteurs de Limoges sur un texte à venir grâce à la bourse “Visa pour la création” de l’Institut Français ;
4) exposition médiatique lors du Festival d’Avignon avec l’enregistrement et la diffusion du texte lauréat.

Plus de deux cents textes ont été reçus pour cette édition 2019, dont seulement une vingtaine de textes écrits par des autrices. Après une première sélection, treize textes ont été soumis au jury présidé par Abd Al Malik et composé de différents représentants des institutions et des événements culturels partenaires, ainsi que des artistes. Tous ces auteurs et autrices reçoivent des retours détaillés sur leur écriture ; leurs textes bénéficient aussi d’une certaine visibilité pouvant amener le soutien ou l’accompagnement d’une ou plusieurs structures.

Le dimanche 29 septembre dernier, Valérie Cachard est devenue la nouvelle lauréate du Prix RFI Théâtre pour sa pièce Victoria K, Delphine Seyrig et moi ou la petite chaise jaune.

Fonds “Des mots à la scène”

En juillet dernier, à l’occasion du Festival d’Avignon et dans le cadre du plan “langue française et plurilinguisme” annoncé par le président de la République en mars 2018, l’Institut français a lancé le fonds d’aide à la production des écritures dramaturgiques contemporaines d’Afrique et des Caraïbes intitulé “Des mots à la scène”.

Lors des récentes Zébrures d’automne à Limoges, les neuf projets financés*, avec une enveloppe globale de 150 000 €, ont été dévoilés le dimanche 29 septembre à la suite du Prix RFI Théâtre. À cette occasion, nous avons rencontré Gaëlle Massicot-Bitty, responsable du pôle artistes et professionnels à l’Institut français. Ce dispositif, nous explique-t-elle, a été mis en place grâce à des financements complémentaires du ministère de la Culture dans le but de conforter les opérateurs travaillant autour des francophonies, tels que le festival des Francophonies, la Cité internationale des arts, la Chartreuse et l’Institut français.

Cette dotation obtenue par l’Institut permet à des textes de jeunes auteurs et autrices du continent africain ou des Caraïbes, peu joués sur le territoire national, d’être soutenus dans un processus amenant à la mise en scène de leur texte. L’accent a donc été mis sur l’une des faiblesses de ce processus : l’aide à la production. Malgré une pluralité de talents, le temps de création est souvent délicat, soit que certains partenaires de l’Institut français n’ont pas de lieu de travail, soit que les projets n’ont pas de visibilité en France.

Le but est donc de donner un véritable coup de pouce pour inciter d’autres partenaires à s’associer au projet et à les accueillir en diffusion. Ce n’est donc pas seulement une dotation financière, mais un véritable travail d’accompagnement, du démarrage du projet jusqu’à son aboutissement.

Le festival des Francophonies, comme premier partenaire, s’engage à accueillir un des lauréats en diffusion. Il y a par ailleurs une cohérence dans le parcours des auteurs et autrices aidés par le fonds : ils sont parfois passés par le dispositif “Visa pour la création”, développé par l’Institut pour aider les artistes en résidence, ou ont été accompagnés par des opérateurs également soutenus par l’Institut comme les Récréâtrales à Ouagadougou au Burkina Faso, l’Univers des mots à Conakry en Guinée. Ces différents dispositifs aident autant les auteurs émergents que des écrivains plus confirmés et publiés, bien que rarement joués sur le territoire français.

Une dynamique vertueuse semble se mettre en place aujourd’hui entre les différents acteurs culturels engagés autour des questions liées aux francophonies.

Le 15 octobre, l’Institut français a lancé le second appel à projet pour le fonds “Des mots à la scène” pour 2020-2021. Les résultats seront annoncés début 2020.

Maison des auteurs

Partie intégrante des Francophonies, la Maison des auteurs a été créée en 1988 et a accueilli depuis plus de deux cents auteurs et autrices. Dans cette maison proche des bureaux des Francophonies, trois auteurs ou autrices peuvent être accueillis en même temps.

Trois types de résidences ont été mis en place au fur et à mesure.

1/ La forme la plus classique
Les auteurs plus confirmés, qui ont vu au moins un de leurs textes publié, peuvent déposer un dossier auprès du Centre national du livre (CNL) en vue d’une résidence d’un à trois mois. Il s’agit d’une résidence de création pour l’écriture d’un nouveau texte, avec quelques rencontres professionnelles organisées. Ces auteurs ou autrices sont sélectionnés via le réseau des écritures francophones, par découverte du comité de lecture mais aussi grâce aux bourses “Visa pour la création” de l’Institut français, le programme ETC (Écritures théâtrales de la Caraïbe) et tout autre partenariat existant.

2/ Un nouveau programme, appelé “Dispositif Découverte”
Le programme s’adresse à deux autrices émergentes chaque année. Ce dispositif naît d’un constat : très peu d’autrices ont été accueillies en résidence. Dès lors, la temporalité est remise en question et le temps de résidence est plus fragmenté : un mois de résidence en juin, puis un à deux mois au printemps suivant, avec une participation au festival des Zébrures de Printemps. Il fonctionne sur la base de parrainages d’écriture, du pays d’origine, afin de faire découvrir des autrices dont le désir d’écriture est parfois tout juste naissant. Un travail sur-mesure est proposé pendant la résidence et il n’y a pas d’obligation de résultat à la fin du processus.

3/ Un programme inédit à venir…
Il s’adressera aux auteurs et autrices qui n’ont jamais eu de résidence en France. Ils seront sélectionnés sur un texte déjà écrit, qui sera notamment mis en lecture. La résidence sera l’occasion d’écrire un nouveau projet.

Prix SACD de la Dramaturgie Francophone

Partenaire du Prix RFI Théâtre, la SACD attribue également chaque année un prix à l’auteur d’une œuvre d’expression française parmi une sélection de textes proposée par la Maison des auteurs de Limoges. Le texte lauréat bénéficie d’une mise en espace lors des Zébrures de printemps.

Il a été décerné cette année à Sucrés Seize (Huit filles) de l’actrice québécoise Suzie Bastien. Ce texte vient de paraître chez Lansman Éditeur.

Prix Sony Labou Tansi

Le prix a été créé en 2003 par le Pôle national de ressources “Écritures contemporaines francophones et théâtre” en partenariat avec la Maison des auteurs des Francophonies – Des écritures à la scène. Cette année, 1 200 lycéens de 40 lycées (dont la moitié de Nouvelle-Aquitaine) et de 150 établissements étrangers ont participé à l’attribution du prix pour une pièce de théâtre contemporaine francophone. Le prix a été remis à Marine Bachelot Nguyen pour son texte Le fils, publié par Lansman Éditeur.

Vincent PAVAGEAU

* Les 9 projets aidés par les fonds ‘‘Des mots à la scène’’ en 2019 :
1/
Comme la mer, mon amour, de Boutaïna El Fekkak et Abdellah Taïa (Maroc)
2/
Les cinq fois où j’ai vu mon père, de Guy Régis Junior (Haïti)
3/
Les enfants hiboux ou les petites ombres de nuit, de Basile Yawanke (Togo)
4
/ Trans-maître, de Mawusi Marc Agbedjidji (Togo)
5/
Le carnet de voyage, de Bilia Bah (Guinée)
6/
Il pleut des humains sur nos pavés, de Sedjro Giovanni Houansou (Bénin)
7/
Plaidoirie pour le Congo, de Sinzo Aanza et Aristide Tarnagda (RDC et Burkina Faso)
8/
Avatar, de Sylvie Dyclo Pomos (Congo-Brazzaville)
9/
La Tablée, d’Ahmed Amine Ben Saad et Maud Galet Lalande (Tunisie)

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