Audrey Azoulay : Les États-Unis ne sont « pas l’alpha et l’omega de l’Unesco »
Les États-Unis ont annoncé, mi-octobre, leur retrait de l’Unesco. La nouvelle directrice générale de l’institution, Audrey Azoulay, rappelle sur France Inter que ce n’est pas la première fois qu’une telle décision advient, les États-Unis ayant déjà quitté l’institution entre 1984 et 2002, pour protester contre sa gestion jugée par eux défaillante. Cet État ne payait d’ailleurs plus sa contribution depuis 2011 (20 % du budget de l’agence tout de même), de même qu’Israël, après l’admission de la Palestine au sein de l’Unesco. Extraits.
Une définition de l’Unesco
« L’Unesco, c’est : comment donner un visage humain à la mondialisation, en agissant sur l’éducation, sur la culture, sur les sciences, sur les libertés – notamment la liberté d’expression et de communication -, et donc c’est comment lui donner, à lui, un avenir. »
Retrait américain
« Ce n’est pas une surprise complète, compte tenu de la position des États-Unis, en général, en ce moment sur le multilatéralisme : on l’a vu avec l’accord de Paris sur le climat ; on le voit avec une position – qui est une position assez critique – sur les différentes instances du multilatéral. L’Unesco, je dirais, ne fait pas exception dans cette politique américaine en ce moment. »
« C’est une décision souveraine d’un État que je respecte, mais en même temps ce n’est pas l’alpha et l’omega de l’Unesco. Il y a eu de grandes périodes à l’Unesco – plus de 15 ans – sans les États-Unis, qui sont finalement revenus, et je crois que ce n’est pas dans l’intérêt des États Unis que de quitter l’Unesco. e crois qu’on ne peut pas réduire l’Unesco aux tensions politiques qui la traversent, mais qu’il faut prendre en compte l’ensemble de son action. Nous continuerons à travailler, en tout cas ce sera mon souhait, avec la société civile américaine, parce que les universités américaines, les scientifiques américains, l’ensemble de mouvements qui traversent les États-Unis, veulent continuer à travailler avec l’Unesco. »
Réduction budgétaire
« Depuis six ans, les États-Unis ne payent plus leur contribution, sans avoir quitté l’Unesco. […] L’organisation a perdu des moyens depuis 2011. C’est intégré, déjà, dans le budget, et elle a cherché – avec succès d’ailleurs – des financements extérieurs. Je pense qu’on peut continuer à le faire. […] Il y a beaucoup de gens qui s’intéressent au sujet de l’Unesco qui peuvent être appelés à contribution, ou des contributions volontaires de la part des États membres, qui ont contribué à la financer. »
Apport français
« On se trompe quand on parle d’abord des financements. Je pense que ce qui compte d’abord, c’est la mission de l’Unesco, c’est le projet qu’on veut lui donner, et ensuite on aura la légitimité pour donner des financements. Certains ont fait campagne sur les aspects financiers, moi pas du tout. Donc il n’y a eu aucune promesse en ce sens, et je ne vais pas aller chez Emmanuel Macron quémander une contribution complémentaire. Mais si la France veut contribuer plus à son projet, ce sera très bienvenu. »
Affaire Weinstein / Égalité homme-femme
« Je crois que dans tous les lieux de pouvoir, il y a ce genre de phénomènes, et je suis très heureuse que cette parole sorte de façon si massive. Je crois qu’il y a un travail à faire de toute la société sur ce sujet. On a des siècles de domination masculine qui ont été intégrés dans nos différents rapports sociaux. Quand j’étais ministre, on avait lancé un travail sur l’accès des femmes aux moyens de production, l’accès des femmes aux responsabilités en matière culturelle, le fait par exemple que les commissions qui attribuent des aides soient des commissions paritaires. Donc ça va être un travail très long. »
Source : France Inter