Au fond, ce qui est important, c’est que plus grand-chose n’a d’importance…

Au fond, ce qui est important, c’est que plus grand-chose n’a d’importance…
Publicité

Chronique des confins (1)

Philippe Touzet

.
Un jour, une écriture – Le confinement porte en lui-même une intimité, une profondeur dont peuvent se saisir les écrivains et les écrivaines, notamment de théâtre et de poésie. Nous les avons sollicités, afin qu’ils offrent généreusement leurs mots, leur écriture des confins… Derrière l’humour qui inonde les réseaux sociaux, il y aura toujours besoin d’une parole qui porte un désir, une attente, un espoir, du sens.

.
Aux confins du monde. De son monde. Loin des autres. Si près et si loin. Dans cet immeuble parisien. L’étage en-dessous. Le nuage au-dessus. En face. De l’autre côté de la rue déserte. Parfois, une silhouette près d’une fenêtre. Un homme sur un balcon fume une cigarette. Si près, si loin, les voisins. Chacun dans son monde qui n’en fait qu’un, une ronde sans fin où nous nous tenons la main.

Le rire d’un enfant quelque part. Qui traverse la vie sans regarder à droite ni à gauche.

Une vieille femme passe, toute voûtée, elle s’appuie sur sa canne et semble chuter à chaque pas… Mais elle ne tombe pas, elle avance. Pas après pas, au bord du précipice, elle danse…

Le temps est suspendu au-dessus de nos existences. Il n’active plus les fils invisibles qui nous font marcher au pas cadencé sur les dates qui se succèdent, sans hasard, sur les calendriers…

Au fond, ce qui est important, c’est que plus grand-chose n’a d’importance… Sauf le plus important.

Ma compagne et mes enfants.

Et l’appartement devient une grotte. Le refuge millénaire. Nous sommes dedans, l’inconnu est dehors.

Pendant que j’écris ce texte, mes filles dans la pièce d’à côté chantent une chanson à tue-tête… Elles chantent les rêves qui les hantent au large d’une vie qui ne fait que commencer…

Je chante les rêves qui me hantent au large d’une vie qui entrevoit, au loin, les lumières du port…

L’écriture, l’amie fidèle, depuis l’enfance est toujours présente même si depuis quelques jours elle s’habille en page blanche… Les lignes bougent trop, cordes à linge dans la tempête qui s’agitent en tous sens. Les mots ne viennent pas, les mots ne tiennent pas. Trop de vent à l’intérieur.

Le téléphone sonne. La famille, les ami(e)s traversent l’espace à la vitesse du son. Ils sont et c’est le plus beau des sons.

Aliénor ouvre la porte du bureau… Qu’est-ce qu’on mange, ce soir ?

Je réponds, je tape trois mots… Apolline ouvre la porte du bureau… C’est quoi le menu ?

Je réponds, je n’ai pas tapé trois mots… Marie Anne entre pour prendre un livre…

La salle des pas perdus… Pas pour tout le monde.

Je ne suis pas un homme seul. Je ne serai jamais un vieil homme seul. Et au bout du bout, je sais que je ne serai pas seul…

Je vais aller faire la cuisine.

Philippe TOUZET

Auteur de théâtre
Président des E.A.T. de 2014 à 2019

.



Découvrez toutes nos chroniques des confins



Publicité

1 commentaire

  1. Sur que lorsque l’objectif est de parvenir à demain en passant à travers ce virus qui rode , l’important d’hier devient dérisoire…L’avenir sera différent , l’homme retrouvera peut être une certaine sagesse pour s’attarder à l’essentiel: le vivre bien et en bonne entente avec ses congénères…..Un rêve utopique sans doute…Dans l’attente j’aimerais bien que dame inspiration cesse de me bouder…Bon confinement à tous si je puis dire….

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *