À Toulouse, artScenica dynamise culturellement la ville rose
Fondée en 2002, artScenica est devenue un acteur culturel incontournable à Toulouse. L’association culturelle produit et diffuse les arts de la scène dans la Haute-Garonne et au-delà. L’agence accompagne chaque année une dizaine de projets, agit comme cabinet de conseil et gère un réseau professionnel des ProSV qu’elle a mis en place depuis plusieurs années. Profession Spectacle a rencontré la directrice de production de l’association, Sandrine Marrast.
Sandrine Marrast, directrice de production d’artScenica, définit sa structure de sa voix posée : un cabinet de conseil pour les intermittents du spectacle. Rassemblés en association, les adhérents – mécènes, autres associations, entreprises – travaillent ensemble. Ils bénéficient des coups de cœur, des projets pertinents, des partenariats : « C’est un avantage pour ceux qui nous soutiennent », nous explique-t-elle.
Un accompagnement le plus efficace possible
La procédure est simple. Après un entretien téléphonique pour connaître le projet, une rencontre permet de discuter la proposition artistique et d’envisager sa faisabilité (état des lieux, plan d’accompagnement). La directrice rassure les intermittents : ils repartiront de toute façon avec une photographie générale du projet car ils ont « à cœur que les artistes puissent se structurer eux-mêmes et aient un aperçu de ce qu’ils font à court, moyen et plus long termes. Même si nous accompagnons les gens sur un temps court, ce qui est important, c’est qu’ils sont déjà allés plus loin que là où ils étaient ».
L’accompagnement peut durer entre quatre mois et trois ans, voire plus pour les projets auxquels artScenica s’attache ! C’est souvent au travers d’une formation (30h-60h), en partenariat avec l’AFDAS, l’UCRM Cépière Formation ou le DLA. « Nous ne faisons pas à leur place mais sommes en back office pour un temps donné… » Les thèmes principaux ? Les financements privés des produits culturels, la diffusion, la communication, l’administration, la gestion du personnel…
L’investissement dans certains projets artistiques nourrit par ailleurs leur mission comme cabinet de conseil. Attention, les projets choisis sont ceux qu’ils ont déjà accompagnés avant.
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« On considère qu’on est efficace sur un territoire qu’on connaît ! » Avec un siège social à Toulouse, la maxime définit naturellement la métropole toulousaine comme bureau. Les employés se déplacent pour un accompagnement incarné. Le cabinet peut « alléger les charges de fonctionnement et proposer à des membres fragiles des prestations à moindre coût ».
Grâce à des financements ponctuels, du mécénat et des adhésions, la maison tourne. Ils financent certaines formations, ou renvoient vers des organismes de l’État qui rémunère la prestation à la place du porteur de projet, ainsi que des créations : deux showcase pour la production d’une comédie historique. Une réflexion des élus est en cours sur le financement des acteurs culturels, qui pourrait leur fournir d’autres moyens.
L’affaire du Grenier de Toulouse
Parmi tous les accompagnements réalisés, Sandrine Marrast raconte avec attachement celui de la compagnie du Grenier de Toulouse : « C’est un projet qui aurait dû ne durer que trois ans, mais qui s’est poursuivi ». La septuagénaire compagnie toulousaine, a construit le Théâtre Daniel Sorano. Après sa récupération par la ville, les salariés et les intermittents se sont retrouvés hors les murs. Sandrine Marrast parle avec enthousiasme du branle-bas de combat – la communication auprès des pouvoirs publics pour des financements, leur prise de conscience, la recherche de lieux…
C’est dans le théâtre de l’Escale (Tournefeuille) que la compagnie pose ses tréteaux. Aussitôt, la compagnie se lance dans la construction d’une salle de répétitions : « d’agent de conseil, je deviens chef de chantier ! », s’exclame Sandrine Marrast en riant. Elle est déléguée du projet et partage l’enthousiasme de tous en croisant des fonds privés et des subventions territoriales pour ce projet pilote. C’est en effet une des premières fois qu’une entreprise privée culturelle se lance dans la construction d’un bâtiment. Elle explique avec joie que « cela a favorisé une rencontre de professionnels dans tous les domaines, que nous sensibilisons à la cause culturelle ».
Le réseau ProSV, pour une dynamique de territoire
L’agence a enfin mis en place un réseau informel de 140 membres (avocat, journalistes, formateurs, techniciens, professions tournées vers des projets plutôt émergents) ; il se construit dans le partage d’informations – emploi, société, juridiction – et de compétences. Avec une rencontre tous les deux mois, il lutte contre l’isolation des professionnels du spectacle. Chaque artiste peut « être artisan de son art et vivre de manière raisonnable sur son propre territoire, celui qu’il a choisi ».
Joséphine RABANY