À quoi peut bien servir la Culture ?
La Culture est le capital amassé par les peuples tout au long de leur Histoire, qui permet notamment de forger leurs personnalités, de tendre vers l’universel et d’échanger entre eux.
C’est la transmission de l’expérience, et de savoirs, c’est l’expression de nos sociétés, le miroir aussi de notre époque mettant en évidence ses qualités et ses défauts, sa richesse et sa pauvreté, sa cruauté et sa bonté, ses absurdités et sa sagesse.
Des troubadours à Costa Gavras, en passant par la Commedia del Arte ou Molière, le monde du spectacle offre à son public un témoignage, un regard, une information, un enseignement, il l’incite à la réflexion et l’amène à trouver ses propres réponses et à défendre ses opinions sur la base de ce qu’il aura découvert, de ce qu’il aura appris, de ce dont il se sera nourri.
C’est dans le débat que naît la richesse, dans l’échange que naissent les nouvelles idées enfantées des différences, du bon et du mauvais, du blanc qui n’est pas tout blanc et du noir qui n’est pas tout noir, de ce qui est pour l’un et qui ne l’est pas pour l’autre.
C’est là notre rôle, notre mission.
Défendons la Culture avant notre confort personnel, car oui aux yeux du public, notre message est incompris. Nombreux sont ceux qui croient les intermittents privilégiés car bénéficiant d’un régime spécifique. Le mot même « spécifique » traduit le privilège.
En faisant grève, ce n’est pas la branche sur laquelle nous sommes assis que nous scions mais l’arbre tout entier ! Prenons le « Printemps des comédiens » annulé pour la bonne cause. Quelle image le public gardera-t-il de ce festival ? Aura-t-il seulement lieu l’année prochaine ? Saura-t-il retrouver des financements pour combler son déficit, une fois les billets remboursés ? Les intermittents, arriveront-ils tous à leurs 507 heures sans lui ? Où iront-ils jouer l’année prochaine ?
Cessons de prendre en otage un public qui ne pourra nous soutenir s’il ne comprend pas notre situation. Encourageons les festivals qui font vivre économiquement les régions, qui permettent au spectateur de sortir de son ordinaire, de venir partager un moment, une émotion, côtoyer l’inconnu.
Informons !
Sans les intermittents, pas de permanents ! Sans permanents, pas de divertissement ! Plus de théâtres, plus de cinéma, plus de télévision, plus de spectacle de rue, plus de spectacle dans les écoles de nos enfants, plus de 14 juillet, plus de festivals ! Faisons comprendre la nécessité de notre existence.
Jouons le spectacle, profitons de cette manne de spectateurs pour diffuser notre message, pour expliquer, pour informer, faire comprendre, obtenir leur soutien, faire signer des pétitions…
Soyons imaginatifs !
Privons de parole les politiques en leur coupant leurs médias !
Faîtes votre métier tous les jours devant l’Unedic et le public sera conquis ! Invitez vos spectateurs à continuer le bon moment qu’ils viennent de passer à savourer votre pièce en discutant de nos problèmes autour d’un verre, dans la rue, devant votre théâtre, quitte à ralentir un peu la circulation…
Employons de nouvelles formes de manifestations pacifiques. Présentons chaque jour un spectacle devant les préfectures de France et les médias parleront de nous car nous avons aussi des camarades qui travaillent pour les médias !
Soyons unis et solidaires !
Et pas seulement de notre statut mais aussi celui de notre avenir dans quelques années, un jour, à la retraite, enfin peut-être ? Car, malgré les promesses, des accords signés, les politiciens qui ont besoin de nous en période électorale, tentent par la suite, quand le moment est venu de prendre de bonnes décisions, de nous réduire au silence en nous invitant à l’abandon, à renoncer à notre mission, celle d’être différents, celle d’apporter ce que nous considérons d’essentiel pour l’avenir de notre civilisation ! C’est en bâillonnant la Culture que les politiques imposeront leurs lois unilatérales. A nous de dire assez ! Assez à la parole unique, au « prêt à penser » ! Ne défendons pas seulement nos droits, défendons ce qui permet à chacun de n’être pas réduit au seul rôle de consommateur passif, défendons la Culture !